LibéralismeMichel Onfray

Le pari du prince anarchiste – le principe de Kropotkine

L'édito de Michel Onfray.

/2023/12/onfray-edito


Après que j’ai tenu un propos sur l’effondrement de la civilisation dans une conférence, un interlocuteur me retrouve au pied de l’estrade et me dit : « Alors il ne reste plus que le fusil ou la ciguë ? » Bien vu… Mais, ni fusil ni ciguë, je choisis la vie romantique qui consiste à savoir que le bateau coule, évidemment, mais qu’il faut mourir debout, avec élégance, en n’élargissant pas la brèche du Titanic.

Toutes proportions gardées, bien sûr, c’est ce qui anime le général de Gaulle quand il invite au sursaut face à l’effondrement de la civilisation alors qu’il sait que tout est foutu… Malraux, parlant du général : « Tantôt il dit : “C’est fini, le destin, ce que nous avons appelé grandeur, c’est fini.” Puis, un peu plus tard, il pense que “la France étonnera encore le monde”. Il y a les deux plateaux de la balance. »

Si l’on veut dialectiquement résoudre la tension, on dira que l’on peut penser que la grandeur c’est fini tout en croyant que la France étonnera encore le monde, mais pas avec sa grandeur. Pourquoi ne pas étonner le monde en manifestant de la grandeur dans son effondrement ? La France dans laquelle le sang a si souvent coulé en est capable : exceller dans le pire avant de mourir vraiment.

En attendant que le Titanic coule totalement et se brise avant d’aller vers le fond, on peut décider que le nihilisme ne passera pas par nous, ce qui est déjà ça de pris sur le néant. C’est une forme de résistance, mais j’ose à peine le mot quand tant de collaborateurs s’en réclament – de même avec l’ardente et vociférante revendication d’insoumission chez les premiers soumis.

Faisons comme si (1)…

Faisons comme si ce que l’on propose ralentissait le mouvement du nihilisme, le retardait, le contraignait, le reculait....