En effet la société n’impose plus à chacun un sens à sa vie. C’est désormais à l’individu de choisir ce qu’il veut faire, d’agir dans la direction qu’il se donne. On peut lire sans fin, chercher à s’enrichir, se faire jardinier, voler en parapente, voyager à Melun ou à Pékin… mais le choix apparait comme trop large ! Kundera écrit que « l’homme ne peut jamais savoir ce qu’il faut vouloir car il n’a qu’une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures ». Cette liberté formidable est donc souvent ressentie comme terrifiante, elle paralyse car elle oblige l’individu à se retrouver face à lui-même, à être responsable de ses actes, réussites et échecs. Et ce n’est qu’au cours de la vie que certaines possibilités se révèlent, que certains points de vue affleurent. Chaque vie est donc différente.

Mai la réalisation des rêves ou envies exige effort, patience et chance. Et s’il n’est pas évident qu’il y ait d’autre sens à la vie que la ligne du temps, certains ressentent le besoin de s’en donner un.

Une solution de facilité est de se refuser à l’initiative, de se mettre des œillères pour se laisser guider et que la direction soit évidente. On s’agrège alors par exemple à une religion pour que règles et dogmes règlent notre vie. Par manque d’appréhension de la réalité, il est aussi possible de limiter sa liberté par l’inscription dans des scénarios déjà contés. Cela permet d’écrire, comme les enfants, l’histoire dont nous sommes le héros.

En ce cas, plusieurs exemples récents montrent que la nostalgie du tragique est un sentiment bien partagé, et fort pratique.

Ainsi le président Macron, pour devenir le personnage historique qu’il rêve d’être, a déclaré que la France était en guerre contre le...