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Le jour de la rentrée

CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, rentrée des classes.

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C’était une petite école de village avec trois classes mixtes qui allaient du cours préparatoire aux cours moyens. Les grandes fenêtres donnaient sur le ciel et sur la farandole de quelques martinets retardataires.

L’enfant, alors ni roi, ni dieu, n’était jamais consulté pour ses goûts vestimentaires, pour la marque de ses chaussures et encore moins pour la durée de son forfait téléphonique. Alors, on se souvient du plancher des salles de classes fermées depuis deux mois, de l’odeur intemporelle des vieux meubles républicains, de celle de l’encre, de la savonnette et de la poussière de craie.

Le jour de la rentrée nous ne portions pas tous des habits neufs, quand il s’agissait parfois de frusques héritées de nos aînés avec une blouse trop petite ou trop grande et ce gilet reprisé que nous n’aimions pas.

Comme nous n’aimions pas ces sandalettes qui nous faisaient l’air un peu cloche et ces pantalons courts de premiers gringalets. Et combien de mouchoirs, imbibés d’eau de cologne pour sécher quelques larmes, et nouer coudes et genoux. Et la grammaire, celle qui avait piqué son nom à la mamie des confitures qu’il fallait apprendre par cœur avec son participe passé, ses pronoms personnels et ses compléments d’objet direct. Et ce goûter préparé avec le quignon de pain, carré de chocolat soigneusement plié dans une feuille d’aluminium, poire trop mure et petite grappe de raisin écrasé. Et Brel qui fredonne quelque part : “Il est midi tous les quarts d’heure, il est jeudi tous les matins, les adultes sont déserteurs, tous les bourgeois sont des indiens...”

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