Le Rouge et le Noir, en même temps ?
CONTRIBUTION / OPINION. Sur la photo officielle du président de la République, on peut, entre autres lectures, apercevoir Le Rouge et le Noir de Stendhal. Que révèle cette référence sur la personnalité d’Emmanuel Macron ? Se rêve-t-il en Julien Sorel ?
Emmanuel Macron, dans son portrait photo officiel, pose avec trois livres : Les Mémoires de guerre de Charles de Gaulle, ouvertes en évidence à sa droite ; ainsi que Le Rouge et le Noir de Stendhal et Les Nourritures terrestres d’Andé Gide, empilés à sa gauche dans le fond…
Cet article souhaite mettre un terme à l’hallucination narrative qui dresserait un parallèle entre Julien Sorel et Emmanuel Macron. Personne — sauf erreur — ne s’est senti le devoir de défendre le héros de Stendhal, réduit, dans un coin de bureau, à servir l’amour propre du locataire de l’Élysée. L’idée est pourtant affreuse…
On comprend aisément ce qu’il y a de flatteur à suggérer la comparaison. Un très beau jeune homme, provincial, parti de rien, précoce d’esprit et de passion, parvient à s’élever par la seule force de son intelligence et de son ambition, avant de braver la mort pour défendre son honneur. Un jeune homme exceptionnel ; un portrait romanesque d’excellence.
Nous allons revenir sur ces idées et penser tout le mal qu’il faut de la hardiesse propre à vouloir s’en emparer.
« Parti de rien, précoce d’esprit… »
Sorel est fils de charpentier, sa mère est morte alors qu’il était encore très jeune, il est haï par son père et ses frères. Pauvre donc, sans moyen naturel de s’instruire ; il ne devra ses premières armes de savoir, si nécessaires au début de son ascension, qu’à l’affection d’un vieux chirurgien de sa famille, et du curé de la ville qui lui fera apprendre le latin et la Bible (ou la Bible en latin). Il travaille dès dix-huit ou dix-neuf ans (selon la description de l’auteur), ce qui lui permettra plus ou moins directement de se procurer des livres. Ses débuts d’éducation sociale appliquée à un monde qu’il ne peut vraiment percer de...