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Louise Michel, la révolutionnaire

CRITIQUE. À gauche, peu de grandes figures parviennent à se faire une place dans les récits de toutes les chapelles. C’est pourtant le cas de Louise Michel. Des combats de la « Vierge rouge » pour (et avec) la Commune à ses engagements anarchistes, féministes, universalistes, l’historien Quentin Deluermoz retrace dans Les figures de proue de la gauche depuis 1789 (éd. Perrin, 2022, sous la direction de Michel Winock) le riche parcours de cette éternelle insurgée.

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Il est des personnages qui sont si étroitement liés, dans l’imaginaire collectif, aux évènements auxquels ils ont pris part qu’il en devient difficile de les en distinguer. Comment évoquer la Commune sans évoquer Louise Michel, la « Vierge rouge » ? Pourtant, il serait faux de la réduire à ce seul épisode, tant ses engagements ont été nombreux et divers. Dresser le portrait de cette révolutionnaire, radicale, anarchiste, féministe, retracer sa vie et prolonger les lignes de sa postérité jusqu’à un consensus final qui n’avait, au départ, rien d’évident : c’est l’approche qu’a choisi l’historien Quentin Deluermoz.

L’historiographie n’a malheureusement pas réservé à la brève – quoique intense – aventure populaire que fut la Commune de Paris le traitement accordé à un autre épisode révolutionnaire : la Révolution française. « La Révolution française a généré une glose sans pareille ; pas la Commune. On ne compte plus les livres sur « 1789 » ; ceux sur « 1871 » se montrent plus rares », notait d’ailleurs Michel Onfray. Pourtant, peu de figures de gauche furent, les années passant, aussi universellement saluées que Louise Michel. « En dépit de [ses] engagements radicaux, par exemple contre l’appareil d’État, Louise Michel représente aujourd’hui la figure de gauche par excellence », note Quentin Deluermoz. Le nom et la mémoire de Louise Michel furent d’ailleurs régulièrement commémorés par un Parti communiste pourtant d’obédience marxiste-léniniste, et donc assez peu suspect d’anti-étatisme.

République contre république

L’engagement politique de Louise Michel est précoce. Après une enfance entre deux mondes – celui de sa mère, servante, et celui de son père, fils d’un hobereau de Haute-Marne amateur de Voltaire et de Rousseau –, la voilà institutrice. Quelques années plus tard, elle quitte sa province natale pour Paris, et gravite rapidement dans les cercles révolutionnaires. Elle côtoie des mutualistes libertaires, héritiers de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, comme Eugène Varlin ; des blanquistes (partisans de l’anarcho-révolutionnaire Auguste Blanqui), aussi, qu’elle...

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