Henri Temple : « L'analyse nationiste conforte et structure le souverainisme »
ENTRETIEN. Contributeur régulier au site de Front Populaire, Henri Temple publie un Essai sur le concept de Nationisme (éd. Sphairôs). L'occasion de faire le point sur un concept méconnu.
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F.P.-Vous avez consacré un ouvrage récent au concept de « nationisme ». On entend souvent parler de nationalisme ou de patriotisme, mais très peu, voire jamais de nationisme. Qu'entendez-vous par là et en quoi cette notion diffère-t-elle des deux précédentes ?
H.T. : Le nationisme se veut "science des nations", valable pour toutes les nations du monde (je dis bien "nations" et pas "États"). C’est une science fondée d’abord sur l’observation du réel : géographique, linguistique, culturel (ce qui inclut la religion), historique. De cette observation première découlent des conséquences en série : psycho-sociologiques, sociales, économiques, philosophiques, juridiques, politiques ; chaque conséquence découle de celle qui précède, puis sert de cause à la conséquence suivante. C’est cette cohérence des relations de causes à effets qui donne sa force à l’approche nationiste : le réalisme, l’affect et le consensus. Or affect et consensus, ces piliers de la nation – et d’une société harmonieuse – se délitent en France et par toute l’Europe.
Le nationalisme n’est pas illégitime s’il n’est pas agressif contre les voisins ou, pire, s’il nie son identité collective et son droit à la liberté ; toutefois le nationalisme n’est pas une science mais une doctrine politique, propre à chaque pays. Quant au patriotisme c’est un sentiment d’amour pour son pays, sa culture : il est autocentré et peut aller jusqu’au dévouement voire au sacrifice. Les hymnes et poèmes nationaux ont, de tous temps, eu recours au vocabulaire familial : père, mère (et étrangement ‘mère-patrie !), enfants, aïeux…
Depuis ces intuitions millénaires de ce qui fait la cohérence affective des peuples ou nations, les chercheurs n’ont cessé de faire des progrès pour la compréhension de l’inconnue sociologique des nations. Notre travail retrace le cheminement de ces progrès, jusqu’aux travaux de Max Weber, sur la « purification du réel » pour parvenir à ce qu’il appelle un idéal-type d’être humain social. Un...