Marx, critique de Staline
Préambule
Depuis des décennies, l'amalgame entre Marx et Staline remplit un rôle idéologique évident. Celui de disqualifier toute alternative communiste au capitalisme mondialisé. En rendant Marx responsable des atrocités du stalinisme, les chiens de garde du système savent bien ce qu'ils font. Ils s'attachent à occulter la portée émancipatrice de l'élucidation rigoureuse des ressorts de l'exploitation capitaliste par l'auteur du Capital. Dans la foulée, ils caricaturent le projet de refondation révolutionnaire qui lui est associé. Les deux volets de la réflexion intitulée "Marx critique de Staline" entendent réfuter cet amalgame. Dans le premier volet présenté ci-dessous, il s'agit de rappeler le vrai sens du communisme tel que Marx l'a pensé. Le second volet, à paraître dans le numéro 3 de Front Populaire, montrera que l'éloge par Marx de la Commune de Paris contredit la politique de Staline en tous points.
Contre une approche discriminatoire du communisme marxiste.
On admet aujourd'hui que le christianisme est irréductible aux bûchers de l'Inquisition, à l'Index des livres interdits, à l'antisémitisme issu de l'antijudaïsme religieux, aux violences des guerres de religion issues de l'intolérance manifestée par l'Eglise catholique pendant plus d'un millénaire. Pourquoi n'admet-on pas, dans le même esprit, que le communisme de Marx est irréductible au goulag, à la dictature stalinienne, et aux sinistres caricatures qui furent données de son projet politique au vingtième siècle? La question ne peut être réglée honnêtement que par une confrontation rigoureuse entre les textes de Marx et la réalité historique du stalinisme. C'est la seule façon de trancher un problème majeur d'interprétation. Entendons-nous. Il ne d'agit nullement de minimiser les crimes du stalinisme, qui ont brouillé et sali l'idéal communiste, mais de se demander s'ils découlent d'un tel idéal ou s'ils en constituent au contraire la négation en acte, une véritable trahison. Rien, dans le corpus de ses textes, ne permet de justifier ou encore moins de programmer les atrocités du stalinisme, sauf par une interprétation malveillante ou dépourvue de rigueur.
Dans "communisme" il y a la référence à ce qui est commun à tous les hommes. Pas plus que l'idée communiste elle-même, l'oeuvre de Marx ne peut être rendue responsable de son détournement sinistre et de sa caricature. Les libertés piétinées, les procès truqués, les déportations, le goulag, la dictature, l’absence d’Etat de droit, la bureaucratie autoritaire, le productivisme prédateur, auxquels la défunte Union Soviétique a été réduite dans l’opinion commune, ne peuvent donc être traités sans malhonnêteté comme des conséquences du communisme et du marxisme. Cet amalgame, effectué sans aucun souci de le mettre à l’épreuve des textes, traduit soit l’ignorance soit la mauvaise foi partisane.
C'est pourtant à un tel amalgame que se livre...