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Opération « Fu-Go » : quand le Japon voulait ravager l’Amérique à coup de ballons !

CONTRIBUTION / HISTOIRE. « L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie », aurait dit Karl Marx. Alors que des ballons espions chinois ont été repérés dans les cieux américains depuis le 28 janvier 2023, et que le Japon signale à son tour des intrus dans son espace aérien, que nous apprend l’histoire quand on la convoque ? Que ni l’idée, ni la méthode ne sont nouvelles !

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En 1933, l’armée japonaise entame des recherches sur des aérostats capables d’acheminer des bombes à longue distance. Ces travaux sont abandonnés deux ans plus tard, mais le programme est réactivé en mai 1942, en réaction au raid américain sur Tokyo du colonel Doolittle (1). Faute de moyens de bombardement à longue distance mais animés par un implacable esprit de représailles, les Japonais vont étudier la possibilité de frapper les États-Unis à moindre coût.

Tandis que les chercheurs de l’armée travaillent sur un ballon pouvant emporter des bombes incendiaires, les scientifiques de l’observatoire météorologique central de Tokyo cartographient les vents d’ouest, qui soufflent depuis l’archipel nippon et traversent l’océan Pacifique à des altitudes comprises entre 6 000 et 15 000 m. Ces « rubans » empruntant un trajet courbe et sinueux dans lesquels circule un flux d'air puissant et véloce sont aujourd’hui connus sous le nom de courants-jets, mais en 1942, les Américains ignorent tout de leur existence.

L’idée des Japonais est aussi simple que terrifiante : une fois parvenu au-dessus du continent nord-américain, un système automatisé reposant sur un mécanisme complexe détruirait le ballon, libérant les bombes qui tomberaient sur les vastes forêts de résineux de l’ouest américain. Les pins et les épicéas chauffant et brûlant vite, du fait des projections, de monstrueux incendies éclateraient, qui ravageraient de gigantesques étendues, créant la panique et portant un coup sévère au moral des Américains, sans même compter avec les dégâts financiers et économiques.

Pour les Japonais, toute la difficulté réside dans le développement d’un système aussi complexe. En septembre 1942, la conception des ballons reprend. Dans le même temps, géographes et météorologues analysent des années de relevés enregistrés par sept stations de radiosonde, ce qui leur permet de dessiner une carte précise des grands courants aériens pouvant souffler jusqu’à 300 km/h entre 9...

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