Fermeture de La Chapelle Darblay, seule entreprise française à produire du papier journal recyclé
ARTICLE. Le propriétaire, le papetier finlandais UPM, a justifié sa décision par la « non-compétitivité » du site et le déclin structurel du papier de presse. Une « excuse » pour les salariés, pour qui le but de l’UPM est de délocaliser en Uruguay.
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L’usine de papier quasi centenaire de La Chapelle Darblay de Grand-Couronne, en Seine-Maritime, a fermé ses portes il y a plusieurs semaines. Seule entreprise en France à fabriquer du papier 100 % recyclé, elle n'a pas trouvé repreneur depuis la mise en vente de l'usine par le groupe UPM en septembre 2019. Des pourparlers avec le groupe belge VPK Packaging, spécialisé dans l'emballage carton, ont bien eu lieu mais le contexte économique lié au COVID-19 a rendu frileux le potentiel repreneur. C'est pourtant ici, à Grand Couronne, qu'a été inventé et mis en place le procédé de désencrage et de recyclage des journaux, une fierté locale. Dès 1999, le site produisait du papier à 100% recyclé.
Ainsi va la disparition de 228 postes directs et 1000 emplois indirects de l’un des principaux recycleurs de papier en France. Fondée en 1928, cette usine a traversé presque un siècle : les bombardements de la seconde guerre mondiale, une première lutte sociale en 1983, un plan social qui a conduit à une centaine de licenciements en 2015 avant de réussir à dégager en 2019 16 millions d’euros de bénéfices. Mais cela n’est pas suffisant pour son propriétaire déjà à l’origine de la triste fermeture de la plus vieille usine de France en 2014, la papeterie du site de Docelles dans les Vosges.
Les salariés, qui se surnomment eux-mêmes les « Pap Chap », n’ont pas caché leur colère depuis l’annonce de la fermeture. Même si certains gardent l’espoir d’une reprise de dernière minute : « Nous avons donné notre accord au Plan Sauvegarde Emploi en échange d’une sauvegarde du site jusqu’en juin 2021 », nous explique Julien Sénécal, secrétaire CGT au CSE de l’entreprise. « Si l’usine ne trouve pas repreneur d’ici juin prochain elle sera démantelée ». Actuellement, seulement une quinzaine de salariés se trouvent encore sur le site, essentiellement pour la maintenance et...