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Henri Wallard : « L’amateurisme des politiques publiques est un ennemi de la transition écologique »

ENTRETIEN. Les questions énergétiques et climatiques ? Là règnent en maîtres court-termisme, indécision, revirements technocratiques et culte de la communication. Henri Wallard, ancien haut fonctionnaire, signe chez Fayard Mensonge d'État : imposture écologique. Une enquête fouillée sur le contraste entre les ambitions affichées de l'État en matière d'environnement et leur exécution, bien souvent dénuée de cohérence stratégique. Et donc d'efficacité.

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Ancien haut fonctionnaire, Henri Wallard a été notamment directeur général de l’ANDRA (Agence nationale des déchets radioactifs). Il a ensuite travaillé tant en France qu’à l’étranger dans le domaine des études de marchés et d’opinion. Fin connaisseur de la haute fonction publique et des implications sociales, politiques, techniques et scientifiques de la transition énergétique, il publie en 2025 Mensonge d'État : imposture écologique (Fayard).


Front Populaire : L’un des fils conducteurs de votre livre est l’image du “canard sans tête”, d’abord mobilisée par l’ancien président du CEA Yves Bréchet lors d’une audition parlementaire. Comment ce “canard” (l’État) a-t-il perdu sa “tête” ?

Henri Wallard :  D’abord, parce que historiquement, la politique énergétique – mais plus généralement la transition écologique – est devenue politicienne : sans ligne directrice et sujette aux effets de mode. Ensuite parce que les dirigeants privilégient l’effet d’annonces médiatiques aux réalités techniques et financières.

Politiquement, l’exemple le plus significatif a été l’arrêt de Superphénix en 1997, résultat d’un accord entre le parti écologique (EELV à l’époque) et le PS. Cette décision de circonstance, prise sans débat démocratique au Parlement, a mis un coup d'arrêt à un effort de longue haleine engagé quarante ans plus tôt. Autre exemple, la décision de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’échéance 2025, date piteusement repoussée en 2018 à 2035 puis finalement abandonnée en 2023.

Une politique énergétique doit s’inscrire dans la durée et tenir compte des réalités physiques et industrielles tout en intégrant les aspects financiers. La réalité finit toujours par l’emporter sur l’idéologie. Il ne faut pas confondre les choix politiques, et les jeux politiciens : une politique énergétique s’inscrit dans la durée. Un exemple récent, et plus consternant encore, nous a été offert par Elisabeth Borne. En 2019, elle en était encore à exiger l’étude d’un scénario 100%...

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