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La "Solidarité énergétique européenne" se fera-t-elle aux dépens des Français ?

OPINION. Apparu avec le traité de Lisbonne en 2007 sur proposition polonaise, l’article 194 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) introduit le principe de Solidarité énergétique européenne (SÉE). Ce dernier implique indirectement, en cas de crise, une collectivisation des réserves énergétiques. En une phrase, le gaz français est avant tout celui des Européens.

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Dans un précédent article, nous avions montré que le remplissage à 100 % des réserves de gaz ne nous garantissait pas de passer sereinement l’hiver. Les stocks ne couvrent qu’un gros tiers de la consommation, le reste étant assuré par le flux de gaz (terminaux GNL et Gazoducs). C’est de la conjugaison de ce dernier et du climat que dépendent les blackouts énergétiques.

Dans l’absolu, trois facteurs auraient dû nous mettre à l’abri de ces derniers : nous possédons le deuxième parc nucléaire mondial après les États-Unis et devant la Chine, nous étions peu dépendants du gaz russe (17 % soit environ 100 TW/h) et nous détenons derrière l’Espagne le deuxième pool de terminaux GNL, ce dernier permet de compenser très largement le gaz russe.

En réalité, la situation actuelle est toute autre, 27 de nos 56 réacteurs sont à l’arrêt. Cette gabegie conduit à une production d’électricité par centrale thermique, entraînant une surconsommation de gaz de 14 % depuis août (sources : smart-GRTGaz, graphique ci-dessous). Malgré une hausse de 60 % des livraisons de GNL, celles destinées au réseau français ne sont supérieures que de 20 % par rapport à 2021 (compensation du gaz russe 17 % + 3 % d’excédent). Les 2/3 de l’augmentation de production de GNL sont donc dispatchés aux autres membres de l’UE.



Pour appréhender l’impact de la SÉE sur la France, il nous faut analyser la situation énergétique globale de l’UE. La consommation totale de gaz en Europe a été en 2021 de 4151 TWh (source : AGSI+) dont 40 % (1660 TWH) provenaient de la Russie. Le trio formé par la France (467 TWh), l’Italie (778 TWh) et l’Allemagne (996 TWh) représente plus de la moitié (55 %, soit 2241 TWh) de cette dernière. Ces deux derniers pays étaient très dépendants des approvisionnements russes, respectivement...

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