Réserves de gaz : sommes-nous vraiment à l’abri d’une pénurie ?
OPINION. Malgré la communication lénifiante et rassurante du gouvernement, les mois à venir pourraient être marqués par une pénurie énergétique qui impactera l’économie française et le confort de tous. Un peu de prospective à l’approche de cet hiver.
Début août, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, annonçait que les réserves de gaz seraient pleines à 100 %. Ce chiffre est là pour rassurer les Français, mais qu’en est-il vraiment ?
Un article d’Usine Nouvelle daté du 6 avril nous apprend que les réserves souterraines de gaz sont d’un volume utile total de 11,9 milliards de mètres cubes, représentant l'équivalent énergétique de 132 TWh. Selon le gouvernement, la consommation annuelle corrigée des variations climatiques, s'établit à environ 500 TWh de gaz. Elle varie d’un coefficient de 1 à 9 au cours de l’année (0,390 TWh/j à 3,671 TWh/j, chiffre calculé sur la période 2011-2015). Le dernier rapport de GRTgaz (Winter Outlok 2021-2022, p5.), indique que la consommation moyenne durant le dernier hiver était de 4,463 Twh/j pour une consommation totale de 370 TWh. Ce dernier chiffre nous apprend donc que les réserves de gaz représentent 30 jours de consommation. Autant dire que l’hiver risque d’être très long et que la France s’apprête à connaître des conditions de vie qui ne seront pas sans rappeler celles connues par la Grande Armée de retour de Russie.
La communication gouvernementale nous apporte une autre information : durant ce mois d’août, les réserves de gaz sont passées de 80 % à 90 %. Ce qui nous indique que l’excédent des livraisons à la France représente 13,2 TWh. La consommation, quant à elle, peut être estimée à (31 x 0,4) 12 TWh, ce qui implique que les importations en août ont été de 25,2 TWh. Ce qui est très faible pour une consommation mensuelle moyenne de 41 TWh, dont seulement 17 % proviennent de la Russie. Selon l'énergéticien Engie, les livraisons russes équivalaient fin août à 1,5 TWh, ce qui représentait une baisse de 83 % par rapport à la normale. Nous pouvons en...