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Le gai suicide européen

CONTRIBUTION / ANALYSE. Après trois ans de guerre russo-ukrainienne, un constat s'impose : l'Europe, et singulièrement la France, sont hors-jeu. Pour Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R),  ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes si le théâtre des nations joue sans eux.

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© JEANNE ACCORSINI/SIPA


Après les deux « corrections » qui leur ont été administrées ces derniers jours par Vance et Trump, les dirigeants européens ne semblent pas avoir compris la leçon. Ils s’imaginent disposer encore de quelque poids et d’une marge de manœuvre leur permettant d’influencer les évènements qui prennent forme. C’est dire combien ils sont déconnectés des réalités géopolitiques.


Une amnésie collective


Depuis au moins dix ans, les États de l’Union européenne ont fait acte de soumission aux États-Unis, en particulier aux Démocrates néoconservateurs et à leur bellicisme. Ils ont d’abord accepté de reconnaitre le régime ukrainien issu du coup d’État de Maidan en 2014 et ont fermé les yeux sur la répression violente déclenchée par Kiev au Donbass. Ensuite, presque tous ont acheté des F-35 (l’aéronef le plus cher de l’histoire des États-Unis, dont les coûts n’ont cessé de dériver, dont les dysfonctionnements sont multiples et dont la possession place totalement ses utilisateurs dans les mains américaines) ; enfin, ils se sont laissé entrainer, à leurs frais et à leur détriment, dans une guerre voulue par Washington, adoptant parfois des positions plus radicales encore que celles de l’administration américaine contre Moscou qui n’a pourtant manifesté contre eux aucune hostilité.

Paradoxalement, les dirigeants européens ne reprochent aucunement à Washington de les avoir impliqués dans ce conflit qui les a ruinés, et de continuer à le faire. Aucun d’entre eux n’a condamné le sabotage de Nord Stream (dont la responsabilité ne fait guère de doutes) qui a provoqué l’écroulement économique de l’Europe en la rendant dépendante du GNL américain.

Les leaders européens ne protestent pas non plus quant aux exigences du nouveau locataire de la Maison-Blanche qui demande l’accroissement significatif de leurs dépenses de défense (pour acheter des armes américaines) et de leur contribution à la guerre d’Ukraine, pour équilibrer celle des Etats-Unis. Ils savent pourtant qu’ils...

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