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Le Royaume-Uni n'a rien fait du Brexit

CONTRIBUTION / ANALYSE. Huit ans après le référendum sur le Brexit et quatre ans après son entrée en vigueur effective, comment se porte le Royaume-Uni ? Pas si bien que ça, ricanent les européistes. Et pour cause, explique l'économiste Philippe Murer : faute de volonté politique, les Britanniques n'ont rien fait de leur souveraineté retrouvée. Analyse.

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Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni.© Kin Cheung/AP/SIPA


Revenons quelques années en arrière : poussé par le parti souverainiste de Nigel Farage, le Premier ministre conservateur David Cameron a été obligé de tenir contre son gré, un référendum sur le Brexit en juin 2016. Il avait promis en 2013 qu’en cas de victoire aux élections législatives de 2015, il négocierait un accord plus favorable avec l’Union européenne (UE) pour le Royaume-Uni. Cet accord serait sanctionné par un référendum sur l’appartenance du pays à l’UE. Il a négocié fin 2015 – début 2016 avec l’UE pour limiter l’immigration, notamment celle des travailleurs européens, limiter le fédéralisme européen et augmenter le rôle du Parlement britannique. Il n’a bien entendu rien obtenu à part quelques changements minimes.

David Cameron a donc dû tenir sa promesse de tenir un référendum sur le Brexit malgré le fait que la majorité des conservateurs anglais au pouvoir étaient majoritairement défavorables à la sortie de l’UE. Coup de tonnerre : le 23 juin 2016, les citoyens anglais décident de sortir de l’UE avec 52% des suffrages. Les trois motifs principaux en faveur de la sortie étaient : limiter l’immigration, relancer l’économie et la rendre moins inégalitaire, placer à nouveau les lois britanniques au-dessus des lois européennes.

Suivit une période chaotique de trois années durant lesquelles les conservateurs naviguèrent en eaux troubles, ne parvinrent pas à sortir de l’UE – en ne s’en donnant en réalité pas les moyens. Et survint alors un évènement politique que les électeurs français devraient méditer : les électeurs britanniques, lassés d’être roulés dans la farine par les Tories, infligent au parti une correction aux élections européennes en lui donnant un score famélique : 9% ! Leurs voix basculent vers le parti du Brexit de Nigel Farage qui obtient 31% des suffrages, signifiant qu’ils veulent que la promesse de Brexit soit enfin tenue. Les électeurs britanniques ont...

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