economieInternational

Loïk Le Floch-Prigent : « Bruxelles a fait de l’idéologie au lieu de faire de l’industrie, et le tout-électrique a été un échec cuisant »

ENTRETIEN. De Michelin aux équipementiers automobiles, des milliers d’emplois sont menacés. En clair, l’industrie automobile française va mal. À qui la faute ? Et, surtout, comment la France peut-elle sortir de cette situation ? Le point avec Loïk Le Floch-Prigent, ancien capitaine d’industrie et spécialiste des questions industrielles, qui vient de publier 1997 : année zéro du déclin de la France aux éditions Elytel.

voiture-electrique-le-floch-prigent
Chargement pour export de voitures au port de Yantai, Chine.© IMAGO/CFOTO/SIPA


Front Populaire : Le gouvernement français va proposer un plan pour soutenir l'industrie automobile. Quels sont les problèmes inhérents au marché de l’automobile français ?

Loïk Le Floch-Prigent : Il n’y a pas de miracle, on a voulu enlever définitivement les voitures thermiques en construction et on a fixé un quota de voitures électriques à respecter pour tous les constructeurs. Or il faut se rendre à l’évidence : le consommateur n’a pas tellement envie de voitures électriques, et se réfugie dans la voiture hybride en estimant peut-être qu’il aura la paix sans vraiment faire fonctionner l’hybridation.


La catastrophe est là, et elle ne sera pas facile à arrêter.


Autre problème : les véhicules thermiques sortent de France, sont construits un peu partout, mais surtout au Maroc, qui va grossièrement reprendre la production des véhicules thermiques qui était faite en France. Et toute l’industrie des sous-traitants est orpheline. Certains sous-traitants sont orphelins immédiatement, ce sont essentiellement les fonderies. Et puis, par ailleurs, il y a un ensemble de sous-traitants qui essaient de trouver des substituts à qui on a dit de déménager, mais la rentabilité n’est pas assez suffisante pour qu’ils puissent déménager. Et par conséquent, on a une belle filière, une belle technique, un bilan d’exportations non négligeable, mais la catastrophe est là, et elle ne sera pas facile à arrêter.


FP : Comment en est-on arrivés là ? Est-ce que l’industrie automobile française paye les choix faits au niveau européen principalement ?

LLFP : Nos voitures électriques sont très chères et le gouvernement français a mal défendu le passage à la voiture électrique. Et donc, on arrive à ce qu'on n'arrive pas à empêcher les voitures chinoises à être deux fois moins chères que les voitures françaises dans l’électrique. On a imaginé faire des gigafactories de batteries sans savoir vraiment quelles sont les batteries qui vont être compétitives...

Vous aimerez aussi