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Mercosur : face au Brésil, Carrefour passe du loup à l’agneau

ARTICLE. C’est ce qui s’appelle se viander en beauté. L’enseigne de grande distribution a présenté ses « excuses » au Brésil après avoir annoncé ne plus vendre de viande en provenance du Mercosur si l’accord de libre-échange avec l’UE entrait en vigueur.

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Crédits illustration : ©Adil Benayache/SIPA


Courageux mais pas non plus téméraire. En soutien à l’opposition française à l’accord UE-Mercosur – 484 députés (contre 70, essentiellement insoumis) ont approuvé l’opposition du gouvernement à l'accord de libre-échange –, le groupe Carrefour a pris un engagement fort en milieu de semaine dernière. Le PDG, Alexandre Bompard, a fait savoir que Carrefour « ne vendrait aucune viande » en provenance de la zone commerciale américo-latine (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) dans ses supermarchés français si ledit accord venait à se concrétiser. Un signal de soutien envoyé aux agriculteurs, dont les manifestations contre l’accord ont redoublé d’ampleur ces derniers jours.

« Nous nous en excusons »


Dans son courrier envoyé à la FNSEA (principal syndicat de l’agro-alimentaire) et diffusé sur les réseaux sociaux, Alexandre Bompard disait vouloir contourner le « risque de débordement sur le marché français d’une production de viande ne respectant pas ses exigences et ses normes ». Une sortie qui a fait grincer des dents de l’autre côté de l’Atlantique, principalement au Brésil, la plus grosse force économique du Mercosur. « Si le Brésil ne peut pas vous vendre de la viande, alors vous non plus vous ne vendrez pas de produits français », a réagi le gouverneur de l’État du Mato Grosso, Mauro Mendes dans une vidéo publiée vendredi 22 octobre sur les réseaux sociaux. L’appel au boycott suivi dans la foulée par des fournisseurs qui ont décidé de stopper l’approvisionnement des magasins Carrefour au Brésil, avec la bénédiction du ministre de l’Agriculture en personne, Carlos Favaro.

Mais lorsqu’on brandit une menace, il faut être prêt à en assumer les conséquences. Ce qui n’était visiblement pas le cas d’Alexandre Bompard, dont l’entreprise réalise près d’un quart de son chiffre d’affaires (21,4 milliards d’euros sur 93 milliards d’euros) au Brésil. Alors le PDG n’a pas réfléchi longtemps avant de troquer son soutien aux agriculteurs...

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