Déficit commercial historique : la farine française connaît elle aussi son déclassement
ARTICLE. La France a exporté seulement 214 000 tonnes de farine en 2024, contre 1,6 million en 1995, soit une chute de 90% en 30 ans. Un déclin historique dans un domaine où la France battait pourtant la concurrence. Elle est même désormais importatrice nette de farine depuis 2018.
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Dans tous les secteurs, le même déclin. Et dans celui-ci, la France était pourtant une référence. Sur l'année 2024, la France a exporté seulement 214 000 tonnes de farine, contre 1,6 million en 1995, soit une chute de 90% en 30 ans. « Un déficit commercial historique », déplore l’Association nationale de la meunerie française (ANMF). La farine écrasée en France ne représente plus que 75% de l’offre. Les importations ont atteint 400 000 tonnes en 2024, soit presque 10% des besoins. La France se fournit notamment auprès de l'Allemagne, pour 60% de ses importations (elles ont doublé en 10 ans). Ironie du sort, la farine allemande est d’ailleurs faite en grande partie à partir du blé français, puis renvoyé dans les rayons des supermarchés français. Ce qui n'empêchent pas les sachets de farine fabriqués outre-Rhin d'arborer fièrement des drapeaux français ou de mettre en avant l’origine française du blé pour bénéficier de sa réputation, observe l’ANMF.
Dans un premier temps, cette dégringolade s’explique notamment par l’émergence de nouveaux acteurs. « Cette chute sur les marchés mondiaux vient en partie du fait que nombre de pays africains se sont équipés de moulins et écrasent du blé importé brut », déclare Anne-Céline Contamine, secrétaire générale de l’ANMF, à L’Opinion. La Turquie, leader mondial en la matière, concurrence également vivement la France. D’autres causes s’ajoutent à cela, tels que le manque criant d’investissements, constamment ajournés, à la fois dans le matériel que dans les locaux de stockage. À titre d’exemple, tandis que l’Allemagne compte quinze moulins ayant une capacité d’écrasement supérieure à 200 000 tonnes par an, la France n’en compte qu’un seul. Les moulins allemands ont également l’avantage d’être intégrés dans des groupes ayant une diversité d’activités. « Cette organisation, qui mutualise certaines fonctions de l’entreprise, favorise la réalisation d’économie d’échelle avec une...