Plan social

Michelin privilégie ses actionnaires à ses salariés

ARTICLE. Le groupe de pneumatique a annoncé mercredi une coupe dans ses effectifs français de 2300 salariés sur trois ans. Un projet « de simplification et de compétitivité » d’autant moins compréhensible que les actionnaires ont touché en 2020 des centaines de millions en dividendes.

/2021/01/Michelin, plan social

Et bonne année quand même ! Mercredi, les salariés de Michelin ont appris le lancement d’un plan de restructuration concernant les quinze sites français de l’entreprise. Une suppression totale qui devrait monter jusqu’à 2300 postes sur les 21 000 postes présents en France. Cette suppression touchera les activités tertiaires du groupe (1100 emplois) et les activités industrielles (1200 emplois). Le nombre précis de départ par site devrait être communiqué courant février. Sur les 2300 postes envisagés, la moitié pourrait toucher Clermont-Ferrand, siège du manufacturier.

La justification est simple et d’ailleurs assez logique : les 15 sites industriels français sont spécialisés dans les pneumatiques haut de gamme, agricoles, industriels, ou de compétition. Or, mondialisation oblige, le groupe dit être confronté depuis une dizaine d’années à des transformations structurelles du marché mondial sur son secteur, en l’occurrence l’arrivée massive de produits à bas coût. Le groupe doit donc accompagner les évolutions stratégiques de ses activités pour rester compétitif. En effet, soumis à la concurrence des pneus à prix cassés, le groupe a déjà supprimé près de 1500 postes depuis 2017 dans le cadre de cette réorganisation.

Au-delà du fait que les règles libre-échangistes de la mondialisation organisée depuis toujours par l’OMC montrent ici – et ailleurs ! – leurs limites en ce qu’elles permettent à certains pays d’inonder les marchés avec de la production « low cost », on note surtout que le groupe Michelin n’est pas paradoxalement en mauvaise posture économique. Il prévoit même des résultats positifs pour 2020, malgré la crise sanitaire. Il y a mieux : le dividende par action a été multiplié par trois depuis 2009. Le président du groupe, Florent Menegaux, tente de s’en expliquer au Monde : «Nous avons toujours distribué environ 35 % de notre résultat. Il y a quelques années, on ne faisait pas de résultats, donc on ne distribuait pas...