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Regarder du sport à la télévision, bientôt un luxe de riche ?

ARTICLE. Les organisateurs de Rolland-Garros ont privatisé une partie des droits de diffusions des rencontres du tournoi, dont une large part a été attribuée à Amazon. Une première historique, mais qui s’inscrit dans un mouvement de fond. Le sport à la télévision deviendra-t-il bientôt un luxe réservé à une élite ?

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Grande première depuis son existence, le tournoi de tennis français Roland-Garros ne sera plus disponible gratuitement à la télévision. Pour être précis, 10 matchs sont désormais diffusés sur la plateforme en ligne du géant américain, Amazon Prime Vidéo. Des rencontres qui ont lieu le soir, sur le court Philippe-Chatrier, à partir de 21 heures. Couvre-feu oblige, elles se déroulent sans public. Deux des quarts de finale seront ainsi “privatisés”.

La négociation des droits TV en 2019 a été reçue comme un camouflet par France Télévision, traditionnelle détentrice des droits depuis 1988. Sa présidente Delphine Ernotte avait alors déclaré, non sans amertume, au Monde : “C’est une façon très cavalière de traiter un partenaire de 30 ans “. Pour Guy Forget, directeur du tournoi, il s’agit d’une juteuse opération : Amazon va débourser 15 millions d’euros chaque année, jusqu’en 2023. Interrogé par la Voix du Nord, il se justifie, arguant d’un nécessaire « rajeunissement de l’audience » : “C’est une approche nouvelle (…) Les jeunes consomment un produit comme Amazon Prime de manière un peu plus différente”.

Consommer”. Le mot n’a rien d’anodin.

Le fiasco de Médiapro et ses abonnements prohibitifs

Qui dit consommation, dit marché. Et qui dit marché, dit privatisation. Le sport est devenu un objet particulièrement lucratif ces dernières années, alors que, paradoxalement, il intéresse de moins en moins. Les audiences sont en chute libre. Entre 2019 et 2020, le football diffusé sur Canal+ n’a par exemple attiré que 851 000 téléspectateurs en moyenne par journée. C’est deux fois moins qu’en 2006-2007, d’après le site Capital. La faute à une offre dispersée entre le groupe Canal+, BeIn et RMC Sport. Suivre assidûment le sport est devenu un luxe que ne peut plus forcément se permettre l’amateur de football aux finances resserrées. Le fiasco de Médiapro, qui...

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