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Le vent des Globes

CONTRIBUTION / OPINION. Sous l’œil des caméras et des foules en émoi, les skippers ont quitté les Sables-d’Olonne, non pour explorer le globe, mais pour aller le plus vite possible. Véritable défi technique, cette course autour du monde est un spectacle médiatique, bien loin des grandes explorations d'antan.

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Crédits illustration : ©ADIL BENAYACHE/SIPA


Au bout du ponton, elles sont rassemblées, toutes de noir vêtues. Sous la pluie, sur un air d’accordéon, elles attendent que les voiles se gonflent pour voir leur matelot quitter Olonne. À bord d’un Terre-neuvier pansu, Skippers normands, basques et espagnols partent pour les grands bancs.

Sous leur casquette et en manteau d’hiver, les sabords remplis de sel, sous l’œil de l’armateur et sans assistance, ils s’embarquent pour Terre-Neuve, à la pêche à la morue, ils ne savent pas quand ils reviendront, ni même s’ils reviendront.

Aujourd’hui, le ponton d’Olonne est noir de supporters ; depuis des jours qu’ils attendent ce grand événement ! Au village « Vendée Globe », la billetterie bat son plein. Pour se montrer, la mer demande son obole, elle est « ouverte » de 10 h à 20 h, il faut réserver.

En quelques heures l’espace maritime est devenu le plus grand showroom, entrepreneurial. Un genre de marché de Noël de la mer. Tout le monde y est pour s’y faire voir. Le Bar et le Restaurant ouvrent jusqu’à 1 h.

Par précaution, les conquérants du « Nouveau Monde » saluent la foule, bombent le torse et recueillent les « standing-ovations » avant d’être revenus. Ils savent qu’ils ne sont visibles qu’au départ et qu’à l’arrivée. Tout le monde croit que tout le monde regarde.

Mais voilà qu’il est 13 heures 01, « le journal » ouvre avec la course, ça n’était pas une bonne idée ! C’est la « pétole » en plein direct ! Autant en emporte le vent et les amarres ; l’appareillage se fait sur une mer d’huile. Il y a bien un moteur, mais l’arbre de l’hélice est soudé pour usage prohibé.

C’est sous le regard de la télévision, du directeur de course et de milliers d’amateurs déçus qu’en rangs serrés quarante frêles esquifs mi-bateau mi-oiseaux, toutes voiles en berne, flottent comme des bouteilles en...

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