Souveraineté industrielle : le chimiquier Vencorex lâché par François Bayrou
ARTICLE. Le Premier ministre a refusé de nationaliser partiellement le chimiquier Vencorex, en situation de redressement judiciaire. Si son destin n’est pas encore scellé, la disparition de cette entreprise stratégique pour l’industrie pétrochimique française pourrait avoir des conséquences considérables sur la souveraineté industrielle française.
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C’était peut-être le dernier espoir des salariés de Vencorex. Mais la décision du Premier ministre est tombée, lundi 24 février : « Une nationalisation même temporaire de Vencorex ne saurait être la réponse en l'absence de solution de pérennité identifiée », a répondu François Bayrou aux salariés, syndicats et élus, mobilisés pour sauver le chimiquier placé en redressement en septembre dernier. C’est la douche froide pour les salariés de cette entreprise située à Pont-de-Claix (Isère). Le 4 février dernier, à l’issue d’une réunion avec une délégation d’élus locaux, le locataire de Matignon s’était engagé à leur répondre sous une dizaine de jours. Mais avant même qu’il ne donne sa réponse officielle, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, avait déjà rejeté l'idée d'une nationalisation temporaire, privilégiant une reconversion du site. Pour l’heure, l’unique candidat à la reprise est le groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise Borsodchem, qui ne prévoit de conserver qu’une cinquantaine d’emplois sur les 480 existants.
À se demander si le Premier ministre a bien conscience des enjeux. Car au-delà de l’avenir des 450 employés du site isérois, la faillite de Vencorex pourrait entraîner une série de conséquences en cascade. L’entreprise est effectivement impliquée dans la production de composants essentiels pour diverses industries, y compris la fabrication de carburant pour missiles nucléaires, les boosters de la fusée Ariane 6, ou le refroidissement des centrales nucléaires. Sa disparition pourrait entraîner de lourdes conséquences sur le tissu industriel stratégique français.
« sentiment d’abandon brutal et total »
Et ça a déjà commencé. À la suite de la mise en redressement judiciaire de Vencorex, le chimiste, Arkema France, a entamé un projet de réorganisation et un recentrage des activités de son site de Jarrie, une petite commune limitrophe de Pont-de-Claix, au sud de Grenoble. Et pour cause, Arkema est directement dépendant du sel fourni par...