Sur la paille, l’État fait de ses gendarmes des squatteurs
ARTICLE. À cause d’un trou dans les comptes publics, la gendarmerie n’a pas payé ses loyers pour ses locaux et ses agents dans plusieurs communes. Le retard devrait être rattrapé, mais de ce fait, l’État n’est plus en mesure de rémunérer correctement ses agents et met certaines collectivités en grande difficulté financière.
Qui aurait crû qu’un jour, des gendarmes censés expulser des squatteurs finissent par en devenir eux-mêmes ? Cela prêterait à sourire si cela n’était pas l’énième symptôme d’un État en pleine déliquescence. C’est Édith Pugnet, maire de Cabestany (Pyrénées-Orientales), une petite ville près de Perpignan, qui a alerté nos confrères de France Bleu Roussillon. D’après l’édile, la gendarmerie, qui occupe des locaux et des logements pour ses agents, doit à la commune pas moins de 236 388 euros de loyers impayés. Une somme qui représenterait pas moins de la moitié de la dotation globale de fonctionnement allouée par l’État à la commune, et qui l’empêche de boucler son budget pour l’année en cours. « La situation est d’autant plus grave et choquante, que la gendarmerie est une fonction régalienne de l’État », souligne l’adjoint aux finances de la commune, Cyrille Bernardin, qui regrette qu’« encore une fois, ce sont les collectivités locales qui paient les pots cassés pour les erreurs de l’État, alors qu’elles sont déjà étranglées par les baisses de dotation ».
Et la commune occitane n’est pas la seule concernée. Le président des associations des maires des Pyrénées-Orientales, Edmond Jorda, déclare avoir été « alerté par plusieurs collègues préoccupés », dont certains ont même endetté leur commune pour des années afin de construire des locaux de gendarmerie. France Bleu mentionne notamment le cas d'Elne, une autre commune des Pyrénées-Orientales, qui a été contrainte par le ministère de contracter une dette de 3 millions d’euros afin de construire une caserne flambant neuve en 2012. C’était la seule solution pour éviter que la gendarmerie ne disparaisse du village. « À ce jour, le 2eme et le 3ème trimestre de loyer 2024 n’ont pas été réglés (102.429€) », déplore le maire Nicolas Garcia, qui craint de ne pas pouvoir payer ses annuités d’emprunts. « Et nous...