Coupes budgétaires de François Bayrou : « Le monde de Maastricht est mort »
ENTRETIEN. Deux jours fériés en moins, coupes budgétaires… Mardi 16 juillet, dans une conférence de presse au ton accusateur, François Bayrou a annoncé une série de mesures pour atteindre 43,8 milliards d'euros d'économies. Une austérité à laquelle le Premier ministre est contraint pour se plier aux règles de Bruxelles, analyse l’économiste Frédéric Farah.
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Front Populaire : Mardi dernier, le Premier ministre a présenté son plan budgétaire visant 43,8 milliards d'euros d'économies pour arrêter l'accroissement de la dette sur quatre ans. Il ambitionne de ramener le déficit à 5,4% en 2025, puis 4,6% en 2026, à 4,1% en 2027, à 3,4% en 2028 pour atteindre 2,8% en 2029, « le seuil à partir duquel la dette n'augmente plus ». Un objectif souhaitable et réalisable, selon vous ?
Frédéric Farah : L’objectif n’est ni souhaitable ni réalisable. Il n’est pas souhaitable, car il aboutira à des effets négatifs en termes de création de richesses et de bien-être collectif. La croissance ralentit dans notre pays et les prévisions pour l’année à venir ne sont pas encourageantes. Donc le gouvernement va demander un effort certain aux ménages en préservant les entreprises. Il va déprimer la consommation et probablement l’investissement privé. On sait en économie que si la demande privée, la consommation et l’investissement ne prennent pas suffisamment le relais, alors que l’État réduit sa contribution à l’activité économique, la croissance n’a plus de moteur suffisant pour être dynamique.
De ce fait, si l'activité se contracte, le gouvernement ne peut espérer de meilleures rentrées fiscales et donc ne pourra que voir la situation des comptes publics se dégrader. L’histoire économique récente est assez éloquente pour savoir qu’une purge économique ne crée pas de surcroît d’activité.
FP : Le ton du discours était très axé sur la responsabilité collective des Français, « devenus accros à la dépense publique ». François Bayrou a-t-il, selon vous, compris la nature du problème de la dette ?
FH : Je ne sais quelle hypothèse il faut retenir en la matière. L’incompétence, le cynisme, ou encore un objectif politique ? Il faut observer les taux d’intérêt réels, la progression du revenu national, l’inflation pour savoir si la dette va croître ou non. La...