Une taxe de 3 milliards d'euros pour EDF, le dernier legs empoisonné de Bruno Le Maire ?
ARTICLE. Dans son inlassable quête d’économies, l'exécutif envisagerait de taxer les producteurs d’électricité. Alors qu’EDF doit investir des milliards d’euros dans ses projets futurs, cette taxe interpelle.
Sacré Bruno Le Maire. Avant l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée, celui qui se vantait il y a peu d’avoir « sauvé » l’économie française cherchait 15 milliards d’euros d’économies. D’après Reuters, le ministère de l’Économie et des Finances aurait planché cette année sur une « contribution sur la puissance installée pour 2024 ». Cette contribution aurait pour objectif de combler une partie de « contribution sur la rente inframarginale (Crim) » — destinée à taxer les superprofits — qui n’aurait rapporté que 300 millions d’euros.
En l’occurrence, il s’agirait de taxer les unités de production les plus efficaces. Un texte dessiné au printemps aurait prévu une taxe de 40 000 euros par mégawatts de capacité au-delà de 260 MW. Ainsi, l’intégralité des centrales nucléaires françaises est concernée, leur puissance minimale étant de 900 MWe. Les centrales à gaz le sont également. Au total, EDF et, dans une moindre mesure, Engie ainsi que Total Énergie en seraient les contributeurs. En revanche, et bien que le parc de Saint-Nazaire dispose par exemple d’une puissance totale de 480 MW, le dispositif exclurait les énergies éoliennes et solaires.
Chez EDF, l’incompréhension domine. Une source proche d’EDF confie à Libération son étonnement face à un État français « qui nous demande d’un côté de lancer un programme de six nouveaux réacteurs EPR à plus de 60 milliards d’euros dont le financement n’est pas encore défini », et qui « nous fait les poches de l’autre au moment précis où le groupe retrouve un peu de sérénité financière ». Avec ses 64,5 milliards d’euros d’endettement en 2023, EDF ne semblait pas avoir besoin de cette ponction, malgré ses bénéfices nets records d’environ 10 milliards d’euros, pour cette même année.
Paradoxal
D’autant que l’industriel va devoir faire face à un chantier majeur pour son...