Dans la perspective des prochaines élections européennes, nous vous proposons d’analyser en quoi, au-delà des explications conjoncturelles, les problèmes de l’Union économique et monétaire (UEM) sont consubstantiels à sa création. Pour ce faire, nous suggérons une approche en trois volets. Dans ce premier texte, nous tenterons d’expliquer les trois péchés originels de la construction monétaire européenne en examinant trois outils conceptuels sur lesquels elle repose. Puis, dans un second texte, nous essaierons de montrer comment plusieurs facteurs de natures diverses ont contribué à aggraver ces handicaps de naissance. Enfin, dans un troisième et dernier texte, nous proposerons quelques réflexions sur les réformes à envisager au regard des enjeux à venir.

Il y a trois notions fondamentales sur lesquelles repose l’UEM et qui ont justifié la construction de la zone euro : le concept de zone monétaire optimale (ZMO), la notion politique de « policy mix », et la notion technique de convergence économique.

La création de la zone euro repose sur le postulat qu’elle constitue une ZMO. Qu’est-ce qu’une ZMO ? Pour dire les choses simplement, c’est une zone sur laquelle il n’y a pas de problème de change, car c’est une réunion d’espaces économiques qui sont soumis à une seule souveraineté économique et une monnaie unique. Les avantages d’une ZMO résident dans la réduction des coûts de transaction qu’entraîne l’existence de monnaies différentes ainsi que dans un gain de liquidité de la monnaie dû à l’accroissement de son aire de circulation. C’est sur ces considérations qu’a été créé l’euro. Mais, pour fonctionner correctement, une ZMO doit remplir au moins quatre conditions importantes.

La première est essentielle : c’est la mobilité des facteurs de production. En effet, si tel n’est pas le cas entre deux espaces économiques différents soumis à une même monnaie, toute action améliorant la situation de l’un entraîne la détérioration de la...