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Vendre des actions de l’État, l’idée « absurde » qui séduit le gouvernement

ARTICLE. Gérald Darmanin, Olivia Grégoire et d’autres députés Renaissance proposent que l’État cède une partie de ses participations dans des entreprises privées pour redresser les comptes publics. L'idée a beau résonner dans les oreilles du ministre du Budget, elle est à rebours de tout bon sens comptable, fustige l'économiste David Cayla.

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Crédits illustration : ©Gabrielle CEZARD/SIPA


Alors que débute ce lundi soir l’examen de la partie « recettes » du projet de budget 2025 à l'Assemblée nationale, chacun y va de sa proposition pour renflouer les caisses de l’État. À commencer par une poignée d’élus macronistes, qui entendent « faire mincir un peu l’État actionnaire » pour redresser les comptes publics.

Dans une tribune publiée dans La Tribune du dimanche, 22 députés Renaissance et un sénateur LR proposent au gouvernement de vendre une petite partie des participations de l’État dans des entreprises cotées. D’après la proposition défendue par Gérald Darmanin, Olivia Grégoire ou encore Mathieu Lefèvre, la vente de 10% des 180 milliards d’euros de ses parts dans des entreprises cotées rapporterait à l’État « autant, voire plus, que la hausse contre-productive de l'impôt sur les sociétés ou l'augmentation des charges du travail prévues par le gouvernement », argumentent les élus centristes tout en se défendant de vouloir « mettre en risque le maintien des remontées de dividendes futurs (qui demeureraient importants compte tenu de l'ampleur de nos participations) ».


« Ça n’a aucun sens ! »


« Ça n’a aucun sens ! », tranche l’économiste David Cayla : « On ne corrige pas un problème de déficit en vendant du patrimoine. Le déficit est un flux, le patrimoine est un stock », explique-t-il avant de rappeler que d’un point de vue comptable, vendre un patrimoine ne rapporte pas d'argent. « On transforme simplement un actif financier en actif monétaire. Si vous gagnez 10 000 € en vendant une voiture d’une valeur de 10 000 €, vous n’êtes pas plus riche sur le plan comptable. » Le dilemme posé par les auteurs de la proposition, à savoir « réduire le périmètre d'intervention de l'État plutôt que de revenir aux recettes d'hier consistant à augmenter les impôts sur les entreprises productives », n’a pas plus de sens, résume l’économiste à l'université d'Angers : « Les impôts, ça rapporte...

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