1,8 milliards d’euros pour le Mercosur et des miettes pour les agriculteurs européens
ARTICLE. Les commissaires européens chargés du commerce et de l’agriculture ont été sommés de préciser les contours de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
Une aumône incertaine pour les agriculteurs européens et un cadeau pour le Mercosur. Les commissaires européens Christophe Hansen, chargé de l'agriculture, et Maroš Šefčovič, pour le commerce, ont été interrogés par la commission de l’Agriculture et de Développement durable (AGRI) de l’hémicycle strasbourgeois. Les eurodéputés de la commission la plus hostile à l’accord de libre-échange avec le « marché commun du Sud » (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie) ont exigé des détails quant aux closes du contrat conclu par Ursula von der Leyen en décembre dernier, à Montevideo, en Uruguay, contre l’avis de nombreux pays, dont la France. Mais l’exécutif européen continue de se montrer mutique.
Pour dédommager les agriculteurs européens de la concurrence déloyale à laquelle ils vont être exposés dans ce potentiel marché de plus de 700 millions de consommateurs – l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde –, les fonctionnaires bruxellois réfléchissent depuis quelques années à la mise en œuvre d’un fonds de réserve. L’idée avait par ailleurs ressurgi en fin d’année dernière, comme pour acheter la paix sociale, calmer la colère des agriculteurs et « surmonter la résistance française à l'accord commercial », avant que la patronne de la Commission européenne ne s’empresse de signer l’accord avec les cinq pays sud-américains.
Mais pour l’heure, il n’existe aucune preuve que cette promesse sera tenue – confidentialité oblige –, bien au contraire. Bien sûre d’elle, tout ce que la Commission a bien dévoiler, c’est qu’elle « mobilisera » une réserve d’un milliard d’euros dans le « cas improbable » où les agriculteurs européens subiraient des conséquences négatives de l’accord. Ce qui devait ressembler à un « pot-de-vin » destiné à faire passer la pilule ne serait plus qu’un « filet de sécurité » pour le secteur agroalimentaire de l’UE. « C’est un signal désastreux, nous disons aux agriculteurs : nous vous payons, alors vous fermez tranquillement boutique »,...