Adhésion de l'Ukraine à l'UE : pour Charles-Henri Gallois, « on assiste à une fuite en avant totalement irresponsable »
ENTRETIEN. Pour Bruxelles, l'heure est à l'élargissement de l'Union européenne. Une étape décisive a été franchie en ce sens ce mercredi 8 novembre : les négociations en vue de l’adhésion à l’UE de l’Ukraine, pays en guerre, et de la Moldavie ont été lancées. Le point avec Charles-Henri Gallois, président de Génération Frexit.
Front Populaire : Quelles seraient, pour les peuples européens et dans les grandes lignes, les conséquences économiques d’une entrée de l’Ukraine dans l’UE ?
Charles-Henri Gallois : Ce sera une catastrophe encore plus grande que ne l’ont été les élargissements successifs à l’Est de 2004 et 2007. Je rappelle que 55 % des délocalisations françaises se font au sein même de l’UE et essentiellement vers les pays de l’Est de l’Europe. Entre le travail détaché et les délocalisations, en plus de l’immigration, c’est une pure folie.
Le salaire minimum en Ukraine est de 175 euros par mois contre 1 747 en France. Un écart de 1 à 10. Il n’est pas besoin d’être un devin pour comprendre que cela amènera des délocalisations et une concurrence déloyale insupportables. Je pense notamment à nos agriculteurs et éleveurs qui subissent d’ores et déjà l’importation massive de volailles ukrainiennes.
FP : En l’état, l’Ukraine satisfait-elle les critères d’adhésion à l’UE tels que définis par le traité de Copenhague ?
CHG : Non, elle ne les satisfait pas du tout. Il est d'ailleurs ahurissant d'entendre Ursula von der Leyen dire que plus de 90 % du travail a été fait. Rappellons les trois critères principaux.
D'abord, le critère politique, qui demande d'avoir des institutions stables garantissant la démocratie, un État de droit, et le respect des droits de l’Homme, des minorités et leur protection ; ensuite, le critère économique : avoir institué une économie de marché viable ainsi que la capacité de faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’Union européenne ; enfin, le critère institutionnel : avoir la capacité de reprendre et de mettre en œuvre l’acquis communautaire.
Sur le critère politique, l’Ukraine est en guerre. C'est un pays extrêment corrompu (121e rang mondial, 119e au classement de la perception de la corruption de l'ONG Transparency...