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Arménie : dans le jardin du seigneur, au pied du mont Ararat

OPINION. Accaparé par la Turquie après la disparition de la République d’Arménie en 1918, ce volcan recouvert de neiges éternelles est un symbole millénaire de l’identité arménienne.

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La géographie, la géologie, ou encore la climatologie, qui sont des sciences à peu près exactes, mais presque aussi incommodes que la physique et la chimie à marier avec les humanités, nous lient à des formes de connaissances primitives qui ont à voir avec notre enracinement dans le sol ancestral et avec l’ADN dont nous sommes constitués, qui auraient quelque chose de tellurique, ancré profondément dans un terroir, comme les Arméniens le sont en terre arménienne.

À 1000 mètres d’altitude, la plaine de l’Ararat dispose d’un climat très sain — plus que dans les vallées humides et les côtes littorales —, mais rude en hiver, où la terre est moins généreuse que dans les plaines et les deltas, mais avec ce qu’il faut de précipitations que lui apporte sa situation encaissée, coincée entre les puissantes montagnes qui la bordent, et l’ensoleillement abondant lié à sa latitude proche du quarantième parallèle, comme Naples ou Istanbul.

D’Erevan et du centre de l’Arménie, le mont Ararat bouche l’horizon de sa masse énorme, telle une montagne du commencement, monstrueuse par ses dimensions en hauteur ou en largeur. Par sa forme conique autant que par les mythes qui s’attachent à lui, l’Ararat est à l’Arménie ce que le mont Fuji-Yama est au Japon. Mais l’Ararat est aussi la montagne sacrée que l’ensemble du monde occidental et judéo-chrétien devrait vénérer, pas seulement les Arméniens, et aussi un peu le monde musulman, à cause du Dieu unique qui forme leur socle commun de croyance. Car c’est au pied de l’Ararat que le Dieu de la Bible fixa le paradis terrestre. L’Homme du monothéisme, la créature déchue d’après la faute, vient de là, avant d'avoir été abandonné par Dieu à son sort piteux et misérable.

Le mont Ararat est si sacré aux yeux des Arméniens qu’ils l’ont baptisé...

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