Arménie

Arménie et Iran : une frontière de la guerre froide (partie 2)

OPINION. À travers le récit fictionnel de cette traversée de la frontière irano-arménienne, notre lecteur nous transporte au Moyen-Orient quelque temps après la guerre froide.

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Tout était resté comme au temps de la guerre froide, côté iranien aussi, quoique les miradors, sur lesquels j’apercevais des barbus patibulaires à la mine farouche, étaient flambants neufs, ainsi que les défenses antichars dont ils avaient renouvelé les garnitures de pieux acérés et de barbelés électrifiés. Ce n’était pourtant pas l’Arménie qui disposait de chars capables de foncer sur l’Iran, en état de marche, pas trop rouillés, disposant des quantités astronomiques de gas-oil que ces monstres sucent au kilomètre alors que l’Arménie manquait de tout, et surtout d’énergies fossiles et de carburants.

À ces éléments pittoresques du décor s’ajoutaient les soldats, mitraillettes au poing, et des chiens policiers conduits par des gardiens de la révolution aux mines farouches et aux yeux exorbités qui nous faisaient sentir sans peine que nous n’étions rien que des chiens d’infidèles. Je ne me sentais pas porté à aller me frotter à leur ferveur révolutionnaire. Un geste déplacé envers la mâle foi de ces gens-là et en moins de deux, on se retrouve suspendu par le collet, accroché à une grue, sur un terrain vague, dans la République des mollahs. Ces images de jeunes hommes un peu trop beaux pour être honnêtes ou de trafiquants avaient de quoi glacer le sang, dans ce mélange d’archaïsme barbare par le dessein — la mort par pendaison — et d’horreur moderne des moyens — le palan d’une grue de construction en guise de gibet.

À l’époque, Khomeini était mort et enterré — paix à son âme et qu’Allah le miséricordieux lui accorde son pardon pour ses péchés — et l’Iran se libéralisait quelque peu sous la présidence de Khatami. Les dix premières années de la révolution avaient été atroces, par la répression et la simultanéité d’une guerre sans merci pendant huit ans contre l’Irak. Les seules comparaisons...

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