Défense : la France bataille pour un protectionnisme… européen
ARTICLE. Essorée par l'aide militaire apportée à l'Ukraine, l'Union européenne s'apprête à établir une stratégie commune de production de munitions. Et les parlementaires français peinent déjà à défendre les intérêts industriels tricolores.
Après les doses de vaccins anti-Covid, voilà que les États membres s’écharpent sur l’approvisionnement des stocks de munitions d’armement. Mercredi dernier, une réunion des ministres de la Défense de l’UE tenue à Stockholm — à laquelle étaient conviés le ministre ukrainien de la Défense, Olexiy Reznikov et le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg — pour discuter d’une stratégie commune de production rapide d’armement.
Les ministres ont deux objectifs en ligne de mire : à long terme reconstituer les stocks militaires européens, qui fondent comme neige au soleil, en vue d’un éventuel conflit de haute intensité. À court terme, l’Europe cherche à être capable d’approvisionner rapidement l’Ukraine en munitions dans son conflit contre la Russie. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé à ce sujet porter à 2 milliards d’euros l’aide consacrée aux munitions. À défaut d’une chimérique « armée communautaire », les élites européennes semblent vouloir se contenter d’une stratégie d’armement commune, la capacité de l’UE à augmenter sa production de munitions et d’armes suscitant de plus en plus d’inquiétudes. Le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, n’hésite pas à affirmer que l’Union doit mettre en marche une véritable « économie de guerre ». Le mot est lâché.
Pour ce faire, les commissaires européens comptent notamment s’appuyer sur le fonds prévu par le programme EDIRPA (Renforcement de l’industrie de la défense européenne par le biais de marchés publics communs) lancé l’année dernière. L’ambition est de faire de ce fonds, pour l’instant limité à 500 millions d’euros, un instrument de première ligne permettant aux fabricants européens d’assurer l’approvisionnement en temps de guerre.
Seulement, voilà : à peine l’initiative est-elle lancée que les pays membres se chamaillent déjà en coulisses. Un texte de compromis consulté par le site d’information POLITICO circule actuellement au sein des commissions de l’industrie et du marché intérieur, ainsi...