Donald Trump, le dernier empereur américain ?
CONTRIBUTION / ANALYSE. Nouvelle toponymie planétaire, déconstruction des structures internationales, politique de la table rase : Trump II réactive les méthodes des anciens empires. Mais le président américain est-il un réformateur autoritaire audacieux ou bien la queue de comète d’un empire vieillissant ? Pierre Conesa, spécialiste des relations internationales et de l’intelligence économique, analyse le début du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche.
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La planète profondément déstabilisée par la fin de l’URSS, les violences salafistes et les innombrables crises, voient enfin se dresser un dirigeant doté d’un esprit totalisant, simultanément capable de penser une nouvelle géopolitique du monde, de lutter contre ses dérives, de menacer les ennemis, ou de rendre obligatoires les pailles plastiques pour remplacer les pailles naturelles. Comme d’autres génies de même pointure, l’homme décide vite : 26 décrets, 12 mémorandums et 4 proclamations signés dès le premier jour de son mandat. En démocratie, souvent la parole vaut acte, avec Trump l’explication est lacunaire et, chaque jour apporte de nouvelles annonces. Comment qualifier le nouveau président américain ? Est-ce un nouveau Savonarole décidé à réformer la Florence américaine traversée par le wokisme, ou plutôt un Caligula moderne décidé à exterminer les « ennemis » intérieurs et extérieurs ?
Nombre d’Empires universels ont donné naissance à des dirigeants ivres de puissance, pris d’obsessions délirantes, d’ambitions territoriales associées à une volonté toponymique nouvelle souvent à leur gloire. L’Empire romain avait fourni des exemples célèbres : Néron, Caracalla, Caligula, Commode, Héliogabale… Les empires tsariste, napoléonien, perse, ottoman ou chinois, ou plus récemment communiste et nazi, ont connu les mêmes spasmes. Le nouvel Imperium américain pointait depuis la disparition de l’URSS avec le délire militaire de George W. Bush après le 11 septembre, désignant « Axes du Mal » Iran, Irak et Corée du Nord après l’attentat qui n’impliquait ni Iranien, ni Irakien, ni a fortiori Nord-Coréen, mais 15 Saoudiens sur 19 terroristes. Il envahit donc l’Afghanistan, puis l’Irak. Avec Trump II, la nouvelle ambition semble active plus que réactive, globale et même planétaire : sa géopolitique néo-impériale liste des annexions précises, sa mégalomanie purgative fait table rase de nombre de structures et d’accords internationaux, le tout associé à l’énoncé d’une toponymie planétaire renouvelée. Auquel de ses prédécesseurs impériaux peut-on comparer Trump ?
« America First », base...