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Economie turque : Erdogan à court de munitions ?

Olivier DELORME

05/04/2021

OPINION. Hier, 4 avril, 103 anciens amiraux turcs ont reproché au gouvernement d’islamiser l’armée. Une situation d’autant plus dangereuse que l’économie turque n’a plus de véritable moteur, si ce n’est l’argent européen…Remise en contexte par l’historien Olivier Delorme, spécialiste des Balkans.

Economie turque : Erdogan à court de munitions ?

Ce qui est pratique avec les économistes libéraux, avec l’Union européenne (UE) et sa Banque centrale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), c’est qu’en prenant l’exact inverse de leurs analyses et de leurs prévisions annuelles, on est à peu près assuré de tomber juste. Ce qui est étrange, c’est que personne, jamais, ni dans un monde politique décérébré ni dans la presse de service, ne leur demande de comptes sur leurs systématiques erreurs et que chacun, dans ces petits mondes hors sol, accueille, chaque année, les prévisions pour l’année suivante, comme si les prévisions des vingt-cinq années précédentes n’avaient pas toutes été démenties par les faits.

Et ce qui est tragique, c’est que ces oracles, toujours faux, orientent l’action publique.

Lorsque j’ai écrit le chapitre de La Grèce et les Balkans traitant des causes, du déroulement et des conséquences de la crise de 2008 qui allait plonger la Grèce, par la grâce de l’UE, dans une spirale déflationniste dont elle n’est toujours pas sortie, j’eus la curiosité d’aller voir ce que, l’année d’avant, l’OCDE avait écrit sur l’économie de ce pays : « La Grèce est l’un des pays de l’OCDE où la croissance a été la plus soutenue ces dix dernières années (…), en dépit d’un assainissement budgétaire substantiel, les principaux moteurs étant l’investissement et les exportations[1]. »

Et l’on pourra de même relire les innombrables analyses d’économistes et d’institutions s’extasiant sur les performances de l’économie turque depuis la sortie de la crise monétaire et bancaire de 2000/2001 – essentiellement grâce à l’aide américaine, quand la prétendue aide de l’UE à la Grèce n’a consisté qu’à étouffer durablement son économie. Ayant fini de discréditer une classe politique incompétente et corrompue, cette crise de 2000/2001 permit aussi...

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