Énergie : Comment l’Allemagne affaiblit la France
ARTICLE. Dans un nouveau rapport, l’École de guerre économique met en garde contre le lobbying allemand sur l’énergie, qui ferait valoir ses intérêts stratégiques à grand renfort de leçons de morale écologique, en particulier au dépend de la France.
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Dans un rapport éloquent, l’École de guerre économique alerte sur une véritable guerre menée par l’Allemagne à ses voisins européens – et notamment la France – sur les questions énergétiques. En particulier, Berlin se servirait de l’Union européenne comme d’un levier afin d’orienter les débats de l’environnement pour favoriser son modèle énergétique – combinant énergies renouvelables, gaz et charbon – au détriment de celui de la France, orienté sur le nucléaire.
L’Allemagne et le nucléaire : un désamour historique
Le sentiment de défiance allemand vis-à-vis de l’énergie nucléaire s’est construit progressivement. En 1998, le nucléaire représentait encore 35% de son mix énergétique, mais plusieurs évènements ont mené le pays à réduire cette part comme peau de chagrin. D’abord, l’atome a été associé à l’arme nucléaire avec Hiroshima et Nagasaki à la fin de la Seconde guerre mondiale puis avec la crise des euromissiles qui a pris place en Allemagne pendant la Guerre froide. C’est ensuite au tour des accidents de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima 2011 d’enfoncer le clou. Autant de traumatismes (ou vécus comme tel) qui ont fini de sceller le destin du nucléaire civil outre-Rhin.
Parallèlement à ces évènements historiques, le rapport explique qu’une véritable politique énergétique allemande a émergé à partir des années 1980 : l’EnergieWende (virage énergétique) sous l’impulsion de trois militants ouest-allemands revenant des États-Unis. Se met alors en place « la dénonciation systématique des lobbies du nucléaire » via des activistes, en suscitant « l’hostilité des populations locales ».
Peu à peu, les Verts allemands s’emparent du débat environnemental et, à la faveur d’une alliance avec de fait avec le parti en place de la CDU (parti démocrate-chrétien de centre-droit). Ce dernier y gagne une « conscience écologico-sociale » alors que les Verts obtiennent que leur agenda politique avance au niveau local puis fédéral. Résultat des courses : le chancelier...