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France et États-Unis : je t’aime, moi non plus

OPINION. Histoire, religion, métissage, symboles… Poussant parfois jusqu’à l’antagonisme, les différences culturelles entre la vieille nation européenne et la puissance du Nouveau Monde en disent long sur ces « deux peuples séparés par un idéal commun ».

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On s’étonne parfois, en France, des énormes différences d’interprétation entre les États unis et nous-mêmes, sur des sujets comme l’assimilation, la laïcité, la constitution… Fondés sur des bases extrêmement voisines (la démocratie libérale représentative, la liberté religieuse et entrepreneuriale, et la fraternité : en gros, l’esprit des Lumières du XVIIIe siècle), nos deux pays ont des divergences profondes, jamais totalement aplanies en deux siècles. N’allant jamais jusqu’à l’état de guerre (mais pas très loin, sous la Révolution et le Consulat, pour des questions commerciales), elles connaissent des bouffées spasmodiques, au gré de la situation mondiale et des personnalités de nos dirigeants successifs.

Tel le frénétique pendule électrostatique oscillant entre les plaques d’un condensateur chargé, notre opinion publique n’a jamais cessé d’être agitée entre deux extrêmes : une américanophobie sans nuance (communistes, gaullistes, restes de la « vieille droite ») qui s’affichait partout sur nos murs, dans les années 50 et 60, avec le célèbre « US go home ». d’une part, et une idolâtrie inverse d’autre part (centristes, droite pro-européenne, milieux d’affaires), qui s’est développée, fille de La Fayette, des Comités de Bienfaisance pour la Reconstruction (après la Grande Guerre) et de l’influence multiforme (culture, plan Marshall, OTAN…) née après la Libération. Tentons de revenir sur quelques-unes de nos spécificités nationales, pour expliquer ces troubles relationnels compulsifs.

Un melting pot avec des grumeaux

Ne revenons pas sur la construction de la France, ce serait lassant et je n’en ai pas la compétence : il a fallu mille ans de pouvoir royal, impérial et républicain, pour bâtir ce qui nous semble aujourd’hui tellement banal. Qui se souvient encore que nous fûmes Celtes, Francs, Burgondes, Wisigoths, Alamans, Ligures… (et aussi Polonais, Espagnols, Portugais, Italiens, Maghrébins, Centrafricains, Antillais et tant d’autres…) ? À chaque apport significatif, des soubresauts, des rejets. Mais sous la férule du pouvoir central fort et unificateur, en...

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