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Le pouvoir et le peuple

CONTRIBUTION/OPINION. En quelques décennies, un fossé s’est créé entre les aspirations du peuple et sa représentation politique. Et le système maastrichtien n’a pas arrangé les choses en éloignant le lieu de décision du citoyen.

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Depuis une trentaine d’années, le fossé se creuse entre le peuple français et le pouvoir politique avec des signaux très préoccupants : une abstention en hausse continue, une exclusion de la droite dite populiste, une radicalisation des oppositions, un refus de débattre et un ras-le-bol de professions entières.

Cet article propose de comprendre comment le pouvoir politique a perdu sa capacité à représenter la souveraineté populaire, à la respecter et à la protéger.


Un pouvoir faiblement représentatif


Dans l’absolu, le principe « un homme, une voix », constitutif de la souveraineté populaire, n’est applicable qu’à l’échelle d’un État-cité. C’est pourquoi les citoyens élisent l’un d’entre eux. Le scrutin majoritaire peut créer un risque de « despotisme » pour la minorité selon Tocqueville, et le caractère général — donc imprécis — du mandat, un risque de trahison pour la majorité.

Dans les deux cas, seule une assise électorale solide peut éviter de trop fortes frustrations, voire une suspicion d’autoritarisme. Or, cette condition n’est plus satisfaite depuis François Mitterrand.

D’abord, le taux de participation aux élections législatives, supérieur à 80 % avant 1980, a chuté progressivement à son plus bas niveau, 46,2 % en 2022 ; et celui des élections présidentielles de 87,3 % à 71,9 % entre 1974 et 2022 ; avec un poids très élevé de votes nuls et blancs respectivement de 3,5 et 6,2 points en 2022.

De plus, pour la première depuis la Ve République, la formation présidentielle n’a obtenu qu’une majorité relative de 42,46 % des sièges, avec seulement 16,4 % d’inscrits ! Et pour la mandature suprême, le score d’Emmanuel. Macron à 58,55 % — loin des 82 % de Chirac en 2002 dans une configuration semblable — ne signe pas un triomphe éclatant, mais une piètre victoire par défaut, obtenue au prix d’accusations non démontrées d’intentions néo-fascistes et anti-européennes de la...

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