Le projet franco-allemand du SCAF s’embourbe
ARTICLE. L’avion de combat de « 6èmegénération », annoncé en grandes pompes par Angela Merkel et Emmanuel Macron en 2017, fait l’objet d’âpres négociations entre industriels allemands et français. Ce projet de coopération, à l’arrêt, symbolise à lui seul les dissensions du couple franco-allemand.
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Le torchon brûle, et ne s’éteint pas, de part et d’autre du Rhin. Le projet du « système de combat aérien du futur » (SCAF), s’enlise en effet sérieusement après que les Allemands ont réclamé l’accès aux technologies de Dassault Aviation, l’industriel français « architecte du programme ». Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a rétorqué, lors de la présentation des résultats 2020 de l’entreprise il y a trois jours, que la France a les capacités techniques pour faire cavalier seul.
Pourtant, le programme franco-allemand du SCAF, annoncé en juillet 2017, est censé remplacer, à l’horizon 2040, le Rafale et l’Eurofighter, et concurrencer l’avion de combat américain F-35 de Lockheed Martin. Sur le papier, ce projet commun semble ambitieux en termes de coopération technique, surtout depuis que l’Espagne a rejoint – sur proposition de l’Allemagne – le programme en 2019.
Si, de l’aveu même d’Angela Merkel, le leadership du programme est français, la répartition des rôles se fait, selon M. Trappier, à « 1/3 – 1/3 – 1/3 de charges de travail » entre les trois pays. Le problème, selon lui, c’est que si les tâches sont divisées « dans tous les ‘packages’, là, ça ne marche plus parce qu’il faut bien les outils pour être capable d’assumer notre rôle de maître d’œuvre ». D’autant que certains work packages impliquent la connaissance de secrets industriels de Dassault. Or, « celui qui créé doit être le propriétaire de sa technologie. Le créateur doit être protégé. […] Parfois, on confond celui qui paye avec celui qui créé. Non, c’est le créateur qui reste maître de sa propriété intellectuelle ».
À l’heure actuelle, selon Opex360, « le contrat de la phase 1B, qui doit permettre le développement d’un démonstrateur, est actuellement en suspens » en raison de ce problème d’accès aux technologies sensibles ; alors même que la phase 1A avait été...