Législatives en Allemagne : « Friedrich Merz va incarner une Allemagne encore plus offensive sur la scène européenne »
ENTRETIEN. Les élections législatives allemandes ne devraient pas bouleverser le jeu de coalition au pouvoir entre la CDU (28%) et le SPD (16%). Pourtant, la percée fulgurante à 20% d’Alternative pour l’Allemagne (AfD) marque un événement majeur, analyse Max-Erwann Gastineau. La fin d’une parenthèse juridiste dans le pays.
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Max-Erwann Gastineau est directeur des relations institutionnelles dans le secteur de l’énergie, essayiste, auteur de L’Ère de l’affirmation, Répondre au défi de la désoccidentalisation (Éditions du Cerf, 2023) et enseignant en relations internationales à l’Institut catholique de Paris (ICP)
Front Populaire : Quelles sont les principales leçons à tirer de ces élections législatives ?
Max-Erwann Gastineau : Les élections législatives allemandes ont accouché d’éléments convenus, mais qui doivent déboucher sur des changements plus radicaux. Elles ont d’abord confirmé la victoire, annoncée par tous les sondages, des chrétiens-démocrates de la CDU et de leurs alliés bavarois de la CSU, qui devraient parvenir à former un nouveau gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD. Elles ont surtout été marquées par le score inédit de l’AfD, devenue la deuxième force électorale du pays (20 % des voix), sur fond d’immigration et d’inflation, d’insécurité économique et culturelle.
Mais ces éléments somme toute convenus appellent donc également de profonds changements. Pour ne pas voir l’AfD triompher dans quatre ans, lors des prochaines élections législatives prévues en 2029, Berlin devra révolutionner son modèle économique, bâti sur la compétitivité des prix de l’énergie, et repenser son modèle d’intégration, d’autant que la CDU/CSU a considérablement durci son discours sur l’immigration.
FP : C’est donc l’ensemble du modèle allemand, pourtant fréquemment érigé en exemple, qui est en crise…
M-E G : En quelque sorte, et ce à plusieurs titres. Le modèle économique allemand a montré toutes ses limites, à l’aune des conséquences de la guerre en Ukraine et de la destruction des gazoducs Nord Stream I et II, véritables symboles du lien qui unissait l’industrie allemande à la production gazière russe. Le modèle d’intégration allemand fédère un même vent de critiques. Produit d’un tournant multiculturel traduit dans le champ politique par le Chancelier social-démocrate Gerhard Schröder et l’instauration du droit du sol en...