L’EnergieWende — transition énergétique, dans la langue de Goethe — est-elle en passe de devenir un boulet économique au pied de l’Allemagne ? Pourtant, l’écologiste et ministre de l’Énergie allemande Robert Habeck en est convaincu : l’avenir se fera avec les énergies renouvelables ou ne se fera pas. D’ici 2030, celles-ci devraient représenter 80 % de la production d’électricité allemande. En théorie en tout cas. En attendant, l’Allemagne est loin du compte et ce n’est pas sans conséquences : d’après le bureau des statistiques de Wiesbaden, la production allemande a diminué de 1,7 % entre juin 2022 et 2023.

Le site d’information Bloomberg attribue cette baisse à « une faible demande en provenance de Chine, de pénuries de main-d’œuvre, d’une politique monétaire plus stricte ». Mais également au coût de l’énergie. Lors des Journées de l’industrie en juillet, les industriels allemands s’étaient inquiétés de la situation face au chancelier Olaf Scholz. Pour faire face à la demande d’électricité, avec à la fermeture des derniers réacteurs nucléaires en avril, l’Allemagne est devenue dépendante de son EnergieWende. Et le compte n’y est pas : pour parvenir à attendre l’ambitieux objectif de 80 % de renouvelable d’ici 2030, et ainsi ne plus avoir à recourir au charbon, il faudrait multiplier par cinq le rythme actuel du nombre d’installations quotidien d’éoliennes sur le sol allemand.

Pour que les entreprises puissent faire face à l’augmentation des coûts, l’Allemagne subventionne à tour de bras. Plus de 356 milliards d’euros ont et vont être investis entre 2021 et 2027 par le gouvernement fédéral, au grand dam de Bruxelles — qui a tout de même accordé cette dérogation à condition que les fonds soient investis dans les domaines de l’environnement et la protection du climat — et des pays voisins qui hurlent au non-respect des règles de la concurrence de la...