Mario Draghi : L’UE est morte, vive l'UE
ARTICLE. L’ancien président de la BCE acte l’échec de l’Union européenne et sa stratégie commerciale dans le contexte géopolitique actuel. Et se livre à nouveau à une attaque contre les États souverains.
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« Aujourd’hui, le modèle de croissance s’est dissous, et nous devons réinventer une manière de croître, mais pour cela, nous devons devenir un État », clamait déjà en 2023 l’économiste et ancien premier ministre italien Mario Draghi à propos de l’Union européenne. L’ancien gouverneur de la BCE est un farouche fédéraliste, comme il vient de le rappeler sous les applaudissements d’une foule conquise, ce vendredi 22 août, lors d’un meeting à Rimini et à l'occasion d’une conférence s’interrogeant sur l’avenir de l’Europe.
C’est une méthode éprouvée de longue date. Lorsque l’Union européenne échoue, ses partisans les plus zélés n’ont généralement rien de mieux à proposer qu’une fuite en avant. Si l’UE n’a pas su répondre aux enjeux de l’époque, c’est donc qu’il n’y avait pas assez d’UE. Dans sa lettre aux citoyens européens, Mario Draghi rappelle que l’UE est avant tout un marché de consommateur et que c’est sa principale force. C’est cette puissance qui lui a conféré longtemps une légitimité. « Pendant des années, avec ses 450 millions de consommateurs, l’Union a cru que sa dimension économique s’accompagnait d’un pouvoir géopolitique et d’une influence dans les relations commerciales internationales. »
En ces temps troublés de conflits et de crises énergétiques et technologiques, l’UE a prouvé qu’elle n’avait tout simplement pas les épaules assez solides face aux États-Unis et à la Chine. « Cette année restera dans les mémoires comme celle où cette illusion s’est dissipée », affirme l’Italien qui déplore les « droits de douane imposés par notre plus grand partenaire commercial et allié de longue date, les États-Unis ». L’oncle Sam — dont les multiples preuves d’ingérences ne sont étonnemment jamais pointées du doigt par les partisans de Bruxelles — n’est pas le seul à mépriser l’UE. C’est aussi le cas de la Chine, qui « a clairement...