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Michel Onfray : « Poutine est tout sauf fou »

ARTICLE. Interrogé récemment par Sonia Mabrouk (CNews) et André Bercoff (Sud Radio), Michel Onfray a réagi à la situation en Ukraine. L’occasion pour lui de prendre à revers les évidences médiatiques et de rappeler que le manichéisme est l’ennemi de la pensée.

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Poutine est-il fasciste ? Oui, selon Michel Onfray. Comment ? Michel Onfray cède aux sirènes du temps et hurle avec les loups ? Précisément pas. Ce n’est pas parce que les médias, les éditorialistes et les intellectuels en place utilisent le mot à toutes les sauces que le fascisme a disparu. « Cela fait 50 ans qu’on crie « au loup » et qu’on voit des fascistes partout, si bien que le mot ne veut plus rien dire. Or, en voilà un qui arrive. »Au micro de Sud-Radio, André Bercoff lui-même est interloqué et préfère voir en Poutine un autocrate, dans la longue tradition de la monarchie russe.

Pourtant, et si les historiens débattent encore de la possibilité d’étendre le fascisme au-delà des limites du mussolinisme, à bien regarder les catégories définitoires du fascisme, il faut reconnaître que Poutine coche beaucoup de cases : mépris de la démocratie et du libéralisme traditionnel, musellement de la presse, impérialisme, géopolitique de l’espace vital, dirigisme politique, culte du chef, exaltation du virilisme, anti-individualisme…« J’ai longtemps dit : n’utilisez pas ce mot-là, parce que le jour où il faudra l’utiliser, vous ne pourrez plus l’utiliser », déclare Michel Onfray avant d’ajouter : « Quand on estime que la démocratie ne fait pas la loi, que les parlements comptent pour rien, que ce sont les armées qui font la loi au profit de l’impérialisme, quand on tue des journalistes dans la rue, comment ça s’appelle ? »

Poser froidement ce diagnostic, est-ce défendre l’Europe maastrichtienne, l’OTAN et l’atlantisme ? Évidemment pas, à moins d’avoir fait du manichéisme l’horizon indépassable des relations internationales. « Il y a parfois des ferments de fascisme dans des pays de l’Ouest, notamment chez nous. Cette façon de fermer Russia Today, par exemple. Je pense que nous sommes dans une démocratie illibérale. Notre illibéralisme consiste à fermer des journaux quand ça ne nous convient pas,...

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