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Michel Onfray: "Un génocide au phosphore"

Pour Michel Onfray, qui revient du Haut-Karabakh, la guerre entre Arméniens et Azéris est le "premier signe d'un grand désastre", la "continuation du génocide de 1915 par d'autres moyens".

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Les premiers signes du grand désastre

«Les lendemains se laissaient déjà deviner aux yeux des plus avisés des habitant de l’Empire. Un Ammien Marcellin, un Thémistios – mais ils ne sont pas nombreux à frémir aux premiers signes du grand désastre. Dans les villes, on continue de s’amuser, du moins quand on est riche. On espère les prochains jeux; on se passionne pour les courses et, s’il faut en croire Salvien, les bordels ne désemplissent pas. Bref, on vit. Ammien Marcellin déplore la légèreté ambiante dans la Rome où il achève ses jours: "Les uns mettent leur point d’honneur à posséder des voitures plus grosses qu’il n’est d’usage" (hé oui!), et d’autres des vêtements si luxueux qu’ils transpirent dessous. Pour personne la fin du monde n’est pour demain. Et pourtant…».

Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique p. 537.

Il y a une trentaine d’années, à Paris, capitale de l’élégance intellectuelle française, les clercs germanopratins s’étaient trouvé une énième occasion de joute verbale: fallait-il croire avec Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l’histoire et le dernier homme (1992), qu’après la chute du mur de Berlin (1989) suivie par l’effondrement de l’empire soviétique (1992), le libéralisme allait enfin triompher de façon planétaire ou penser, avec Samuel Huntington, à qui l’on devait Le Choc des civilisations (1996), que nous entrions dans une ère de conflits de civilisations dont les cartes coïncident avec des religions hétérogènes et antagonistes? Faut-il s’en étonner, j’ai la faiblesse de croire que non, aux Deux Magots et au Flore on avait tranché en faveur du libéralisme triomphant et décrété qu’en nommant le mal des guerres de civilisation Huntington le créait! Dans ce beau quartier de la capitale, on réactivait cette phrase sidérante que Claude Lévi-Strauss écrit dans Tristes Tropiques : «Pour atteindre le réel, il faut d’abord...

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