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Pierre Vermeren et Sarah Ben Néfissa : « Lutter contre l’entrisme des Frères musulmans est loin de suffire »

ENTRETIEN. En 2011, l'Égypte et la Tunisie vivaient leur « printemps arabe »… et étaient emportées par la vague islamiste. De ces deux cas d'étude, l'historien Pierre Vermeren et la politologue Sarah Ben Néfissa tirent dans Les Frères musulmans à l'épreuve du pouvoir (éd. Odile Jacob) plusieurs grands enseignements. Nous les avons interrogés.

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"Les Frères musulmans à l'épreuve du pouvoir", un ouvrage à retrouver aux éditions Odile Jacob.


Front Populaire : En 2011, le « printemps arabe » permet à la confrérie des Frères musulmans de s’emparer du pouvoir en Tunisie et en Égypte. Comment analyser, dans ces deux États, leur exercice du pouvoir ? Quelles décisions majeures ont été prises ?

Pierre Vermeren et Sarah Ben Néfissa : En Égypte, ils ne sont restés au pouvoir qu’une année et demie. Leurs erreurs politiques ont soudé la coalition d’acteurs hétéroclites qui les a chassés du pouvoir le 3 juillet 2013 : militaires, juges, jeunesse révolutionnaire, fonctionnaires, journalistes, homme de culture, etc.

L’exercice du pouvoir par les Frères musulmans se singularise par une grande originalité car leur vision de la réforme et du changement vise d’abord et avant tout l’individu et la société qu’il s’agit de ré-islamiser. Ils n’avaient pas de programmes ni de projets de politique publique à même de réformer la santé, l’éducation, les infrastructures, etc. Il n’y a pas pour eux de « question sociale », car ils ne reconnaissent que la question religieuse, islamique en l’occurrence, et la réforme de cette dernière doit résoudre...

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