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Question kabyle : le MAK et l'impasse politique algérienne

CONTRIBUTION / OPINION. Le 14 décembre dernier, le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) annonçait unilatéralement l'indépendance de cette région berbérophone d'Algérie. Le fruit de l'étouffement politique des aspirations du peuple algérien par un régime fondé sur la coercition ?

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© ADIL BENAYACHE/SIPA


Le MAK est apparu dans un contexte précis : celui du Printemps noir de 2001, lorsque la jeunesse kabyle affrontait, à armes inégales, la gendarmerie algérienne. Il convient de rappeler que la gendarmerie, en Algérie, est généralement composée d’agents affectés hors de leur région d’origine, vivant en vase clos dans des casernes, contrairement à la police, majoritairement issue des populations locales et intégrée au tissu social. En revanche, la gendarmerie est comme un corps étranger, réputée pour ses compromissions avec certains trafics et réseaux de prostitution.

Cette institution, branche de l’armée, a été pensée historiquement comme une force d’occupation intérieure, comparable à une implantation ottomane en territoire hostile. Depuis la rupture de l’alliance entre la Kabylie et la Régence d’Alger aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, jusqu’à l’invasion française, les Turcs n’ont jamais exercé de souveraineté sur la Kabylie. Les relations oscillaient alors entre échanges commerciaux prudents, accords ponctuels de passage et conflits ouverts.

C’est dans ce contexte de violence, de mépris et d’impunité qu’est né le MAK. Le 14 juin 2001, plus d’un million de personnes quittent la Kabylie pour se rendre à Alger afin de remettre leurs revendications. Cette journée marque un tournant dramatique. Ce jour-là, la violence n’était pas venue uniquement des forces de sécurité, mais aussi d’une partie de la population algéroise, chauffée à blanc par certains discours, sous le regard passif d’un peuple réduit au rôle de spectateur. Pour beaucoup, ce fut la fin d’une illusion.

En 2004, Ameziane Mehenni, fils de Ferhat Mehenni, est assassiné à Paris dans une impunité totale, rappelant d’autres crimes politiques commis sur le sol français, comme l’assassinat de l’avocat Ali Messili en 1986, dont le meurtrier fut rapidement exfiltré par les autorités françaises sous le ministère Pasqua.

À ses débuts, le MAK portait une charge politique novatrice : il brisait le dogme...

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