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Royaume-Uni : impensés du Brexit et crise politique

OPINION. Le pays semble ne pas pouvoir se remettre du choc du Brexit et de sa pénible mise en œuvre. Au-delà de ses effets économiques délétères, masqués par le Covid, l’île s’enfonce dans une crise politique inexorable. La nomination de Rishi Sunak, défenseur du Brexit, va-t-elle améliorer la situation ?

/2022/10/RISHI-SUNAK


Le Royaume-Uni, normalement havre de stabilité politique, subit des turbulences comme il n’en a jamais connues. Aucune des trois législatures qui ont suivi les élections de 2015 n’est allée à son terme et celle en cours commence à sentir le sapin. Un Premier ministre jette l’éponge après tout juste 45 jours : une première dans l’histoire du pays. Pas par choix puisqu’elle avait estimé publiquement qu’elle souhaitait poursuivre son travail. Mais voilà, la fronde des tories en a voulu autrement. Après que tout son plan fiscal a été retoqué par son nouveau ministre des Finances à peine nommé, Liz Truss a logiquement dû se retirer quarante-huit heures après ce camouflet. Signe de la crise, Johnson le dilettante est revenu de vacances dare-dare…

Le job de Truss était simplement impossible : entre l’impact du Brexit, caché jusqu’ici par les effets dévastateurs des mesures liées au Covid, et les étranglements économiques internes, le chemin de la reprise économique sera long, douloureux et incertain. En raison des circonstances, elle voulut éviter n’avoir peu ou prou que du sang et des larmes à offrir — elle ne savait pas qu’il y avait aussi des baffes à prendre.

On lui a beaucoup reproché, surtout dans son parti, son plan d’allègement fiscal au lieu d’augmenter les impôts. Bizarre ! Un des thèmes majeurs du Brexit n’était-il pas de moins ponctionner les Britanniques en n’ayant plus à payer pour l’Europe ? Ce qu’on a appris des Reaganomics qui l’ont inspirée, et dont elle n’a pas tenu compte, est que cette politique est une politique du temps long, un temps que Truss n’avait pas puisqu’il lui restait deux années seulement dans la législature, après que Johnson a gaspillé les trois premières à ne faire qu’une chose : occuper la place. Elle n’aurait pas eu le temps de récolter les dividendes de son audace...

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