S’adapter à la nouvelle guerre froide
OPINION. Les opérations militaires lancées par Poutine contre l’Ukraine pourraient marquer un tournant dans la géopolitique mondiale. Pour Régis de Castelnau, une nouvelle guerre froide est en formation, et la France macronienne demeure clouée comme un papillon sur l’agenda atlantiste.
L’intervention militaire russe en Ukraine a quand même constitué une surprise. Nous entrons probablement dans une phase d’accélération des événements comme l’Histoire nous en a toujours offert. Avec cette fois-ci, une bifurcation qui nous plonge nécessairement dans une incertitude qui oblige à réfléchir au réel dans lequel nous vivons et au tournant auquel nous venons probablement d’assister.
La fin des guerres de 20 ans
Nous avions dans ces colonnes pointé la probable fin d’un cycle historique entamé avec l’effondrement de l’Union soviétique et par référence à la débandade américaine en Afghanistan, acté la fin de l’ère des « guerres de 20 ans ». Il est probable qu’avec l’intervention militaire russe en Ukraine, nous venons de rentrer brutalement et plus loin que l’on pouvait le supposer dans une nouvelle séquence historique. Caractérisée par le déclin de l’empire américain et l’émergence de ces grands rivaux que sont d’abord la Chine et ensuite, à un degré moindre, la Russie. Que la stupide stratégie américaine mise en œuvre depuis 30 ans a rejeté vers l’Asie en la détournant de l’occidentalisme auquel elle semblait prête après la chute de l’URSS.
Vladimir Poutine avait déjà prévenu il y a longtemps, notamment après l’épisode de l’agression contre la Serbie et le démantèlement de son territoire avec l’indépendance accordée au Kosovo devenu État mafieux avec des bases militaires américaines. À cette occasion, le camp occidental avait piétiné tous les principes du droit international, et comme l’avait dit le président russe à l’époque, cela ne pouvait conduire qu’à un brutal retour de boomerang. Ce que les Russes font aujourd’hui, les Américains l’on fait aux quatre coins de la planète parfois avec un cynisme écœurant comme avec les deux symboles de la Serbie et l’Irak, mais auxquels s’ajoute la Syrie, la Libye, l’Afghanistan et même le Yémen. Le bilan est très lourd,...