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Samuel Furfari : « Si l’UE suit les extrémistes écologistes, les conséquences pourraient être désastreuses »

ENTRETIEN. Quelques jours après la nomination de deux antinucléaires à des postes importants au sein de la Commission européenne, Samuel Furfari, professeur de géopolitique de l’énergie et auteur de Énergie, mensonges d’état. La destruction organisée de la compétitivité de l’UE (Ed. de l’Artilleur, 2024), alerte sur la menace qui pèse sur le nucléaire avec ces arrivées. Pour lui, l’UE s’inscrit « dans la continuité d’une politique énergétique de plus en plus déconnectée des réalités économiques et stratégiques ».

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Le 17 septembre 2024, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté les noms et les portefeuilles de son équipe pour le mandat 2024-2029.©Wiktor Dabkowski/ZUMA Press Wire/SIPA


Front Populaire : Mardi 17 septembre, la présidente de la Commission européenne a dévoilé le casting de sa nouvelle équipe. Deux antinucléaires notoires bénéficient d’un portefeuille : l’Espagnole Teresa Ribera, celui de la transition propre, juste et compétitive et le Danois Dan Jorgensen, celui sur l’énergie. Devons-nous nous attendre à un retour en arrière sur le plan énergétique et nous inquiéter pour notre filière nucléaire ?

Samuel Furfari : La nomination de Teresa Ribera et Dan Jørgensen à des postes clés de la Commission européenne sonne comme un nouveau glas pour la filière nucléaire.

Teresa Ribera est nommée vice-présidente exécutive pour la transition propre, ce qui englobe tout puisque, dans le jargon de Bruxelles-Strasbourg, propre signifie sans émissions de CO2, or 75 % de l’énergie primaire de l’UE est d’origine fossile et 82 % dans le monde. Elle va contrôler trois commissaires : à l’énergie, à l’environnement, et au Climat. Elle a une réputation décriée en Espagne, car à l’exception des écologistes de tous les partis de gauche, elle est considérée par tous comme une extrémiste. Elle avait d’ailleurs écrit à la Commission européenne pour lui demander de retirer le projet, pourtant étiqueté « projet prioritaire d’intérêt commun », qui devait connecter le réseau gazier espagnol à celui de la France. Sa logique est simpliste : on ne doit pas investir un euro dans les énergies fossiles. En revanche, elle veut dépenser des milliards d’euros pour connecter Barcelone à Marseille par la mer afin de transporter de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau que l’Espagne ne produit pas et que personne ne produira jamais industriellement pour des raisons qui tiennent aux fondements de la chimie, comme je l'explique dans mon livre L’utopie hydrogène. Son nom circulait bien...

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