Union européenneguerre russo-ukrainienne

Sanctions contre la Russie : jusqu'où ira l'UE ?

TRIBUNE. Bruxelles se prépare à adopter une nouvelle batterie de sanctions contre la Russie. Un aveu flagrant d'échec de la part de l'eurocratie selon Pierre Lévy, rédacteur en chef du mensuel eurocritique Ruptures.

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Cela a été confirmé le 7 avril : l’Union européenne va mettre en place une « cinquième vague de sanctions » contre la Russie. En réalité, la sixième ou la septième, si l’on récapitule minutieusement la séquence engagée après la reconnaissance par Moscou des Républiques séparatistes du Donbass. Mais à quoi bon numéroter ? L’adjonction répétitive, tragique et grotesque, de « mesures restrictives » (terme administratif consacré) vaut en elle-même aveu d’échec au regard de l’objectif officiellement affiché.

Le principe même de sanctions est illégitime, condensé d’arrogance et d’ingérence, et manière hypocrite de mener une guerre sans le dire. Certes, la propagande occidentale – de Washington à Varsovie, de Berlin à Paris – se surpasse présentement dès lors qu’il s’agit de dépeindre la cible, la direction russe, comme une abominable bande criminelle. Mais à supposer qu’on partage cette vision accusatoire digne des pires caricatures, est-ce une raison pour réinventer ainsi sans cesse la punition collective, un châtiment ancestral aussi vieux que les premiers empires ?

Mais le point, ici, est plutôt de s’interroger sur la rationalité de cet acharnement. Car qui pouvait raisonnablement imaginer que les vagues successives de sanctions décidées depuis fin février allaient conduire le président russe à réagir sur le mode : « Ah, ces mesures sont décidément trop douloureuses, je retire mes troupes et vous prie de bien vouloir m’excuser pour le dérangement » ? Qu’importe, les Vingt-sept semblent suivre le très subtil principe : ce qui n’a pas marché avec des sanctions marchera avec plus de sanctions encore…

C’est d’autant plus remarquable que l’expérience du premier train de sanctions, lancé en 2014, est désormais connue. Moscou avait surmonté la quasi-totalité de celles-ci en quelques mois. Pire – ou mieux : les restrictions d’importations ont dopé les productions industrielles et plus encore agricoles sur le sol national. Dans un certain nombre de domaines, la productivité a significativement augmenté. Il...

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