Turquie Diplomatie

Sofagate : l’Europe fantôme

EDITO. Depuis l’épisode diplomatique houleux entre Erdogan et Ursula Von der Leyen, le comportement de la Turquie vis-à-vis de l’Europe interroge. Quelles sont les leçons à tirer de ce qu’on appelle désormais le « sofagate » ? Réponse avec Céline Pina.

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A Bruxelles, on l’a appelé le « Sofagate », une façon d’encaisser l’insulte et de la reconnaître tout en la minimisant, mais la réalité c’est que le camouflet infligé à l’Europe par le président Erdogan est révélateur du manque de considération porté à celle-ci sur la scène diplomatique, de son manque d’influence sur la scène internationale et de son incapacité à comprendre qu’accumuler trop de faiblesse met son avenir en péril dans un monde en tension.

Mais d’abord rappelons les faits : en visite officielle à Ankara, au moment de l’entretien entre les représentants politiques de l’Europe et leur homologue turc, il n’y a que deux chaises pour trois participants. Déconcertée, Ursula Von der Leyen, filmée à son arrivée essaie d’attirer l’attention de son collègue Charles Michel et du président Erdogan et faute de réaction des deux mâles, dont le séant doit être constitué de plomb pour être si dur à soulever, elle finit par se poser en retrait sur un canapé.

L’image était choquante : non seulement la relégation d’Ursula Von der Leyen, présidente de la commission européenne sur un canapé est une humiliation publique, mais faute de sens politique justement, les victimes de ce camouflet ont encore renforcé l’affront fait à l’Europe, soit en se montrant incapables de réagir, soit en se laissant manipuler comme des enfants. Si Ursula Von der Leyen n’a pas eu le courage d’exiger le respect qui lui était dû au nom de ce qu’elle représentait ; Charles Michel, le président du conseil européen, en se jetant sur le fauteuil que lui montre Erdogan et en ignorant le sort fait à sa collègue, exhibe une absence de compréhension de la situation, comme de tout réflexe de solidarité, qui illustre ce que l’Europe montre d’elle au grand public.

Après le fiasco des vaccins et un plan de relance dont...

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