Cinéma Féminisme

Adolescentes

CONTRIBUTION / OPINION. S’il a pu donner lieu à des dérives, le mouvement de libération de la parole des femmes est, pour notre lectrice, un salutaire retour de balancier après la pseudo « libéralisation sexuelle » post-Mai 68.

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Crédits illustration : © KONRAD K./SIPA


Dernièrement, j’ai écouté le témoignage de Judith Godrèche. Puis j’ai écouté celui du réalisateur Benoît Jacquot. Et là, je dois dire que cela m’a fait « tout drôle » : j’ai eu l’impression d’entendre, dans une version différente, une partie de mon histoire ou celle de Vanessa Springora, dont j’ai lu le livre. Les mots de cette comédienne auraient pu être les miens et ceux de Jacquot, celui du dingue qui m’a fait vivre un véritable enfer alors que j’avais à peine 15 ans !

Le point commun entre Judith Godrèche, Vanessa Springora et moi, c’est que nous sommes nées en 1972 et 1973. En gros cinq ans après Mai 68 ! En 1988, nous avions 15 ans et ceux qui avaient entre 20 et 25 en 1968, avaient alors entre 40 et 45 ans. Vous allez bientôt comprendre où je veux en venir…

De longues années ont passé et beaucoup de femmes comme moi sont restées dans le silence. Et puis, à cinquante ans, alors qu’elles savent exactement ce que c’est que d’être une femme et qu’elles voient leurs propres filles grandir, elles regardent leur passé et comprennent enfin ce qu’elles ont subi. Et elles se disent alors : ce n’était pas normal !

Bien sûr, il ne s’agit pas de toutes les femmes, ni non plus de tous les hommes, fort heureusement. Et je veux vraiment insister sur ce point. Non, tous les hommes ne sont pas des salauds ! Mais il faut reconnaître tout de même que dans les années 80, dans les « années Mitterrand », les loups pouvaient trouver de la chair fraîche sans que personne ne crie au scandale. Il y a eu longtemps de la complaisance autour du sujet ! Et même encore aujourd’hui, quand les femmes parlent de ce qu’elles ont subi, elles sont jugées. On les considère même parfois comme des hystériques...

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